Sonorités n Le paysage musical algérien connaît une multitude de genres et d'accents. Aux musiques traditionnelles et populaires, dites musiques du patrimoine, viennent s'additionner d'autres aux sonorités modernes. Toutes sont rassemblées autour de l'appellation de «musique actuelle». Qu'entend-on par musique actuelle ? En fait, toute expression musicale utilisant des instruments contemporains ou des effets se rapportant aux nouvelles technologies, à l'instar de la musique électro. Le paysage musical algérien connaît effectivement une multitude de genres et d'accents. Du hip-hop, du flamenco, du jazz ou encore du rock. Toutes ces musiques font des émules parmi les jeunes formations. Et pour faire encore mieux dans la culture locale, c'est-à-dire la culture authentiquement algérienne, des artistes n'hésitent pas un instant à confronter et associer ces nouvelles tendances au patrimoine. L'on obtient alors des phrasés musicaux originaux, voire ce que l'on appelle des fusions. Ce genre de compositions combinatoires fait le bonheur des mélomanes, car ils se reconnaissent dans cette peinture musicale, puisqu'il y a une part d'eux-mêmes, de leur culture. Il y a une appartenance identitaire. De plus en plus de formations musicales œuvrant dans le rock, le rap, le flamenco ou bien le jazz, mêlent au substrat originel des sons à l'accent authentiquement algérien, et cela en vue de susciter l'intérêt du public. L'on parle aussitôt de musiques fusions. Car la tendance aujourd'hui est la musique créative ou combinatoire. Pour promouvoir ce genre de musique, dit dans le jargon professionnel musique actuelle, un festival y a été consacré, sa 3e édition a eu lieu récemment à Bordj Bou-Arréridj. L'objectif de ce festival consiste certes à faire connaître les nouvelles tendances musicales pratiquées en Algérie, mais aussi à développer une pratique musicale type et à encourager la création et la créativité ainsi que le mélange des genres et des sons. Il se trouve qu'il n'y a pas, dans cette musique actuelle, que les sonorités modernes qui sont arrangées avec des musiques du patrimoine comme le chaâbi (flamenco-chaâbi ou flamenco-raï) ou le raï (rap-raï). Même les musiques populaires, à l'exemple du raï, s'associent librement, et d'une manière particulièrement créative, à la nouvelle technologie et deviennent, du coup, des musiques actuelles. Des interprètes de la chanson raï en usent – car c'est un phénomène de mode – pour conférer à leur composition plus d'originalité et d'actualité. Tout commence l'été 2002, lorsqu'une voix robotisée arrive à la tête des hit parades algériens. Elle crève le taux d'audience sur les ondes de toutes les radios aussi bien nationales que régionales. Le tube de ce mémorable été était «Ma Tadjebdouliche»– une véritable prouesse et fait musical, voire un succès phénoménal– de Chaba Djenet. L'on parlera d'emblée de «raï robotique». De sa voix androïde, elle a enregistré un succès inattendu auprès des jeunes. Avec Chaba Djenet, on parlait d'une nouvelle génération de raï. Depuis, des artistes, comme Cheb Billal, ont suivi dans la même voix, celle du robotique ou de l'électro. Ainsi, les musiques actuelles, musiques fredonnant un air nouveau, se multiplient et se développent, initiant un entrain de créativité.