On connaît l'importance de la science et du savoir dans le monde musulman, aussi ne faut-il pas s'étonner de l'importance qu'ils peuvent prendre dans l'oniromancie classique. Rappelons que le Coran et la sunna — ou tradition du Prophète —, les deux sources principales de la dévotion et de la réflexion des musulmans, exhortent les croyants à la recherche du savoir et mettent en garde contre l'ignorance et le suivisme aveugle «Nous avons produit pour l'Enfer un grand nombre d'hommes et de génies. Ils possèdent des cœurs qui ne comprennent guère le sens réel des choses, ils possèdent des yeux avec lesquels ils ne voient goutte, ils possèdent des oreilles avec lesquelles ils n'entendent pas ! Ils sont comme les bestiaux ou dans un état d'égarement encore plus grand. Ceux-là sont les distraits.» (Coran, s. 7, verset 179). Le Coran va jusqu'à déclarer que la connaissance des phénomènes et des lois de l'univers renforcent la foi : «Nous leur révélerons si bien Nos signes dans l'Univers et en eux-mêmes qu'ils sauront un jour que la Révélation est la vérité.» (s. Foussilat, 53). En même temps qu'il condamne le suivisme, l'Islam condamne le chauvinisme et le racisme et appelle au rapprochement des hommes. La certitude que la Révélation divine était l'expression de la vérité éternelle, manifestée en tout lieu et en tout temps, allait permettre aux musulmans d'assimiler des connaissances issues des civilisations les plus différentes. Le monde musulman allait honorer au même titre Aristote et al Farabî, Galien et Ibn Sinâ, Euclide et al Khawarazmî : on ne jugeait pas une œuvre en fonction des origines ethniques ou même religieuses de son auteur mais en fonction de sa cohérence, de sa logique et de son utilité.