Entretien n L'artiste peintre Mira, qui expose à l'hôtel El-Aurassi une série de peintures, toutes débordant de lumière et regorgeant de couleurs, nous parle de son aventure artistique. Infosoir : Qui est Mira Naporowska ? Mira Naporowska : une artiste peintre polonaise qui a atterri en Algérie depuis 30 ans, et je pense que c'est mon séjour en Algérie qui m'a permis de devenir peintre. Pourquoi avoir choisi de vous établir en Algérie ? Au début, juste un concours de circonstances, j'y étais invitée, et au bout de quelque temps j'ai eu le coup de cœur, et depuis je lui suis toujours fidèle (rires). En fait je ne peignais pas encore à cette époque-là, et ce n'est qu'à la naissance de mon 2e fils (il y a de cela 24 ans), que je me suis dit : «Pourquoi pas?» et comme je ne dormais pas beaucoup la nuit, durant cette période, ça m'a alors beaucoup aidé a trouver mon équilibre, de plus ça a été comme un pont pour moi, entre l'Algérie et la Pologne. Comment peut-on passer de la psychanalyse à la peinture ? Y a-t-il un lien ? Non, c'est le contraire qui s'est produit, j'ai d'abord commencé par la peinture avant de faire une formation de psychothérapeute, et il y a effectivement un lien très étroit, puisque c'est l'affectation de l'immatériel et donc de matérialiser mes pensées... Et il ne faudrait pas non plus oublier que la peinture, et notamment le surréalisme, a grandement influencé la psychanalyse, ce qui est désormais acquis. Quel est le thème de cette exposition, et pourquoi l'avoir choisie ? «Les couleurs d'Algérie», par fidélité. En fait c'est en 1994 que feu Momo (Himoud Brahimi), m'a ouvert les yeux pour peindre l'Algérie, ce pays qui m'a tant donné ; et d'ailleurs, durant la décennie noire, je faisais des expositions à l'étranger, et donc j'étais «l'ambassadrice» de mon pays d'accueil, l'Algérie, que mes peintures représentaient. L'Algérie est un pays de lumière et, l'atmosphère ambiante et les couleurs, sont réelles, naturelles et merveilleuses. Au Sud, les couleurs sont toutes autres, avec une prédominance du noir, et c'est cette variété de couleurs qui me fascine. Nous remarquons que vous avez choisi de représenter les quatre coins du pays sur vos tableaux, est-ce un nouveau regard sur l'Algérie ? Les sujets ont été choisis par rapport à mon état d'âme et à mes sensibilités du moment, et aussi grâce aux nombreux voyages que j 'ai effectués dans toute l'Algérie, mais encore, et avec le temps, j'ai appris à connaître les traditions, les coutumes, la façon d'être de l'Algérien, ce qui m'a beaucoup aidé à changer le regard touristique que j'avais au début, ce qui a fait dire à M. Bouali, écrivain : «Elle nous montre ce que nous avons sous les yeux.» Le mot de la fin... Durant les années 90, je devais repartir, mais quelqu'un m'a fait promettre de rester et de continuer à peindre, et donc pour moi, ce n'est pas la fin, mais la continuité, et ce, jusqu'au bout...