Déshonorant adieu que celui auquel a eu droit le président américain sortant : des chaussures en pleine figure. Bush s'est vu, à la fin de son règne, exprimer devant les caméras, toute la haine que lui vouent les Irakiens au moment où il était venu à Bagdad affirmer que la victoire était proche. Mountazer al-Zaïdi, un journaliste irakien, a jeté, sans l'atteindre, deux chaussures sur le président américain, George W. Bush, et l'a insulté au moment où ce dernier serrait la main du Premier ministre irakien, dans son bureau à Bagdad. Alors que les deux hommes se rencontraient dans le bureau privé du Premier ministre, Nouri al-Maliki, un journaliste irakien, assis au 3e rang, a bondi en criant : «C'est le baiser de l'adieu, espèce de chien» et lancé ses chaussures, l'une après l'autre, sur le président américain. Nouri al-Maliki a esquissé un geste de protection du président américain qui n'a pas été touché. Le journaliste a été évacué manu militari par les services irakiens de sécurité. Dans la culture arabe, être qualifié de «chien» ou se voir lancer une chaussure est l'insulte suprême. M. Bush a esquivé les projectiles, lancés l'un après l'autre, tandis que les journalistes irakiens immobilisaient leur confrère. En revanche, les agents de sécurité irakiens et américains ont été pris de court avant d'expulser le perturbateur qui hurlait : «Vous êtes responsables de la mort de milliers d'Irakiens». Le président américain a pris l'incident avec humour en lançant : «Si vous voulez des faits, c'est une chaussure de taille 10 (44 taille française)», a-t-il dit, assurant qu'il n'avait «pas ressenti la moindre menace». Originaire de la ville chiite de Nassiriyah, à 350 km au sud de Bagdad, cet Irakien de 28 ans vit avec ses frères dans le centre de Bagdad. En novembre 2007, il avait été kidnappé en plein centre de Bagdad par des inconnus et retenu pendant une semaine. La chaîne Al-Bagdadia, créée en 2005 et financée par un homme d'affaires irakien, a appelé, ce lundi matin, les autorités irakiennes à libérer immédiatement le journaliste. «Al-Bagdadia demande aux autorités irakiennes la libération immédiate de leur journaliste Mountazer al-Zaïdi conformément à la démocratie et à la liberté d'expression que le nouveau régime (irakien, nldr) et les autorités américaines ont promises au peuple irakien», dit la chaîne dans un communiqué diffusé à l'antenne. «Toutes les mesures prises contre Mountazer seront considérées comme des actes d'un régime dictatorial», ajoute la chaîne. «Al-Bagdadia demande aux associations de journalistes irakiennes, internationales et arabes de soutenir la demande de libération de Mountazer al-Zaïdi», conclut la chaîne. Le journaliste irakien, est un «patriote irakien» qui a agi seul, a indiqué, ce lundi, un collègue. «Ce comportement doit être considéré comme sa propre initiative et non pas celle de la chaîne», a assuré M. Roubaie, un journaliste de la chaîne al-Bagdadia et collègue du journaliste qui a provoqué l'incident dimanche. «On pouvait s'attendre à cela de sa part, parce que c'est vraiment un patriote sur toutes les questions liées à l'Irak», a-t-il ajouté.