Résumé de la 6 e partie n Après 12 ans en prison et plus de 20 ans au service de l'armée autrichienne, le baron retrouve sa bien-aimée presque aveugle et amaigrie par la maladie... De se voir ainsi l'un et l'autre les fait trop souffrir. Ils se disent une dernière fois qu'ils s'aiment et décident de ne plus se revoir. Amélie mourra quelques mois plus tard. Frédéric apprendra la nouvelle en France où il a choisi de s'installer. C'est là que l'attend le dernier épisode de son étonnante destinée. Trois ans plus tard, il est dans la foule parisienne qui prend la Bastille. On imagine l'émotion que peut ressentir l'ancien prisonnier devant la destruction de ce lieu de détention, de surcroît symbole de l'arbitraire royal, dont il a souffert lui-même plus que quiconque. Du coup, bien que sexagénaire, il se lance dans la politique. Il retrouve tout l'enthousiasme de ses vingt ans. Il participe activement à la Révolution. Il milite dans les clubs patriotiques et écrit dans les journaux. Il raconte sa propre histoire de victime de la tyrannie. Le baron de Trenck ne rencontre que de la sympathie autour de lui. Il a malheureusement oublié deux choses : il est noble et prussien. Tant que ce sont des révolutionnaires modérés qui sont au pouvoir, on ne lui en tient pas rigueur, mais lorsque commence la Terreur et lorsque la France entre en guerre contre la Prusse, il est rangé au nombre des suspects. Arrêté au printemps 1794, il passe en jugement sous l'inculpation d'entretenir des relations secrètes avec son pays d'origine et, malgré ses protestations d'innocence, il est condamné à la guillotine. Après Glatz et Magdebourg, les portes d'une troisième prison s'ouvrent devant le baron Frédéric de Trenck, celles de la Conciergerie. Parmi ses compagnons de détention, plusieurs le connaissent de réputation, ce qui suscite chez eux un fol espoir. Ils l'entourent. — Monsieur de Trenck, vous vous êtes évadé de partout où vous étiez. Vous allez nous sauver, n'est-ce pas ? Mais l'intéressé secoue sa tête aux cheveux blancs. — J'ai près de soixante-dix ans, ce temps-là est révolu. Si je m'évade, ce sera de la vie. A partir de ce moment, Frédéric de Trenck emploie le plus clair de son temps à discuter astronomie et mathématiques avec l'un de ses compagnons de cellule, le savant Bochart de Saron. Les jours passent, les charrettes se succèdent, et ils parlent tous deux de planètes, de courbes et d'équations. Enfin, les soldats viennent le chercher pour l'emmener à la guillotine. Une chaude journée d'été se termine, celle du 8 thermidor. Le lendemain, ce sera la chute de Robespierre. La charrette de Frédéric de Trenck a été la dernière de la Terreur, comme si son destin avait voulu jusqu'au bout en faire un homme hors du commun.