Résumé de la 3e partie n M. Cisroe informe Minnie de ses honoraires de détective et continue d'écouter tous les détails que son interlocutrice lui donne quant à l'endroit où son frère pourrait se trouver... J'ai répondu avec plaisir, et je suis resté sur la véranda à ressasser tout ce que je savais déjà de Minnie Chaundelle depuis mon coup de télé-phone à Stinger Gazway. Stinger traîne partout dans la Quatrième et dans la Cinquième Circonscription. S'il y en a un qui sait tout sur tout le monde, c'est lui. Il m'avait dit que Minnie avait été mariée à un certain Sparrel Bazile, qu'elle avait porté en terre deux ans auparavant. En revenant de son travail à deux heures du matin, Sparrel s'était trouvé sur la voie rapide au même moment qu'un type qui rentrait chez lui après une soirée bien arrosée. Je me demandais si la vie lui avait réservé d'autres chagrins comme celui-là, et j'espérais être capable de lui en épargner un nouveau à propos de ce frère disparu. Les nuages sombres qui remontaient du Sud bouchaient le ciel. L'atmosphère était si lourde qu'on aurait pu y enfoncer le poing. Minnie est revenue, avec sur un plateau deux verres de thé glacé, du sucre, du citron, des petites cuillères et des serviettes du Wataburger. Je l'ai aidée à poser le plateau sur la boîte de la poste, et elle a dit : «Voilà» en faisant un signe de tête pour me montrer un cahier à couverture cartonnée comme ceux qu'on achète pour prendre, des notes pendant les cours. J'ai pris le cahier sur le plateau. Sur l'étiquette de la couverture on lisait : Brickner Deposit, puis le nom d'une entreprise et une adresse sur West Loop. En tournant les pages, j'ai vu des textes tapés à la machine et des schémas et des graphiques décrivant une opération de forage à Tere-bonne Bay dans le Golfe. Minnie m'a demandé comment j'aimais le thé, puis elle a fait le mélange et elle a remué la cuillère. — Ça veut sûrement dire quelque chose quand on est branché nature, a-t-elle dit, en regardant le cahier, mais moi, j'y comprends rien. Verlyn m'a dit de le montrer à personne, même pas au type qui lui avait procuré son boulot, alors je l'ai pas montré. Sauf à vous maintenant. — On dirait que vous vous méfiez de votre ami, celui qui a embauché votre frère ? Elle a détourné, les yeux, comme un petit chien malade qui se planque derrière une chaise, et elle a dit : — C'est pas comme ça que les choses devraient se passer en ce monde, mais ça arrive. Elle a fait claquer le bas de sa robe, puis elle a remué dedans pour se mettre à l'aise. La balancelle s'était remise en mouvement, lente et paresseuse comme une barque sur la mer, mais Minnie fronçait les sourcils. J'avais déjà décidé qu'on retrouverait Verlyn Venable pour une centaine de dollars. Je n'avais pas très envie de prendre l'autoroute à quatre heures et demie, moment où elle est le plus chargée, pour me lancer sur les traces de Verlyn Venable à Sugarland. (à suivre...)