Résumé de la 10e partie n Le détective enquête sur l'entreprise pétrolière où travaillait Verlyn, et appelle un journaliste qui lui confirme les magouilles découvertes par le frère de Minnie... Le type fore un puits et annonce qu'il n'y a rien trouvé. Qu'est-ce que ça peut lui faire, si ces pauvres crétins ne récupèrent pas leur mise ? C'est pas lui qui produit et qui raffine. Lui, il creuse. — Eh bien, j'ai dit. Y'a des escrocs partout. Avait de raccrocher, j'ai encore posé une question. — A propos, Jobar, est-ce que le nom de Ray Wayne Wooley te dit quelque chose ? Il y a eu un silence, puis il a répondu : — ça se pourrait, Cisroe. Mais je préférerais vraiment que tu m'appelles Buck. — Excuse-moi, mon vieux. Allons-y pour Buck. Je l'ai entendu taper sur un clavier. — Ray Wayne Wooley, il a dit. C'est le frère de Brant Wooley, le district attorney. J'ai vu son nom dans les potins mondains, l'autre jour. J'ai appelé Verlyn, plusieurs fois. Ou bien il n'avait pas de répondeur, ou bien il ne l'avait pas branché. Si ce gamin connaissait le rapport entre le patron de la Mitchell Corp et le district attorney de la ville, il était, plus gonflé que je l'aurais cru. Ou plus bête A six heures je me suis relevé pour aller faire mon boulot. C'était pour un mec plein aux as qui s'était offert une superbagnole d'occasion et soupçonnait le vendeur d'avoir trafiqué le compteur kilométrique. Il m'avait demandé d'aller me proposer comme vendeur pour essayer de le démasquer -il se fichait de ce que ça lui coûterait c'était pour, le principe. Je lui avais dit que je tenterais le coup une semaine, mais comment savoir si seulement je pourrais me faire embaucher ? Il s'était mis à rire ; de sa voix grinçante comme un clou qu'on arrache. «Pour un petit malin comme vous, c'est pas un problème. Si c'en était un, les poules auraient des dents !» Dans ce métier, on fait pas mal de choses pour un dollar. Je me suis donc retrouvé dans le parking des occasions de North Shepard, planté devant l'entrée dans une chemise trop empesée, à écouter de la musique de blues dans le casque branché sur une radio que j'avais accrochée à ma ceinture. De temps en temps, je tournais le bouton pour couper le son, je prenais mon portable et je faisais le numéro de Verlyn. Deux couples sont arrivés, m'ont fait perdre mon temps et sont repartis. Je m'apprêtais à faire une pause pipi quand j'ai aperçu la camionnette verte de Stinger. Il est sorti et a mis ses lunettes de soleil pour se protéger des projecteurs. En arrivant à ma hauteur, il a dit : — Viens avec moi si ça t'intéresse, Cisroe. Ils l'ont chopé, ton petit mec. Verlyn Vincent Venable, vingt-quatre ans. Des rêves, du caractère, une histoire, de l'intelligence, de la beauté. Et tout ça bon à quoi ? A nourrir les asticots. D'après la version officielle, il avait loupé un virage sur l'Allen Parkway, la route, à trois voies qui longe le bayou. Stinger avait une autre idée, et moi aussi. (à suivre...)