Stressés ou surmenés, des milliers de salariés japonais meurent chaque année à cause de leur travail, un fléau auquel l'archipel s'attaque timidement mais qui pourrait s'aggraver avec la crise. Chez certains employés débordés, la suractivité provoque une congestion cérébrale ou un infarctus, tandis que des travailleurs démoralisés se suicident. Apparu il y a longtemps au Japon, le «karoshi» («mort au travail») n'est reconnu que depuis quelques années par les autorités. En 2007, la police a décompté 2 207 suicides et quelque 10 000 salariés ont été victimes d'un accident cardiaque ou cérébral, parfois mortel, à cause de leur travail. Ces chiffres pourraient augmenter avec la récession économique qui tend les relations dans les entreprises. Selon un expert, moins de 10% des incidents sont déclarés aux services sociaux, les victimes ou leurs proches renonçant face à la longueur des procédures ou au grand nombre de refus. Jeudi au Parlement, le Premier ministre Taro Aso a répété que travailler dur était «l'une des valeurs du Japon». Le stress s'est en outre renforcé depuis la fin des années 90 et le développement des emplois à temps partiel et temporaires, qui représentent aujourd'hui un tiers du total. Aucune classe sociale n'est épargnée, des journaliers multipliant les petits boulots... à l'empereur du Japon : Akihito a dû alléger son programme de fin d'année à cause d'un stress persistant lié à sa fonction, selon ses médecins.