Situation n Le stress n'est pas considéré comme un accident de travail ou une maladie professionnelle. Le stress au travail ne fait qu'augmenter ! Le constat est celui du Dr Ilès, directrice générale de l'Institut national de prévention des risques professionnels (Inprp). Evitant de donner une estimation officielle, elle souligne néanmoins que personne n'en est à l'abri. «Aussi bien l'employé que l'employeur sont exposés au risque», précise-t-elle. Dans le monde, un salarié sur trois souffre du stress, selon un rapport du Bureau international du travail (BIT). Dans notre pays, la situation serait encore plus grave. Et pour cause : beaucoup de salariés travaillent dans des conditions pénibles. Et quand on sait que la détérioration du cadre de travail fait le lit du stress, on peut imaginer l'ampleur des dégâts. De l'avis du Dr Ilès, les situations stressantes au travail sont nombreuses. «La monotonie, l'absence de communication, le manque de reconnaissance, la surcharge ou la sous-charge de travail sont autant de facteurs déclenchants», dit-elle. Chez nous, le bruit figure parmi les principales causes du stress au travail, selon la première responsable de l'Inprp : «Lors de nos différentes visites au sein des entreprises, nous avons remarqué que beaucoup d'employés souffrent de problèmes d'audition, en raison du bruit auquel ils sont soumis constamment, ce qui les rend stressés.» Mais d'une manière générale, «il suffit que le salarié ressente un déséquilibre entre ce qu'on lui demande de faire et les moyens qu'on met à sa disposition pour qu'il stresse», précise-t-elle. La propagation du stress parmi les travailleurs, ces dernières années, est due, selon elle, à «l'évolution des métiers : il y a moins de peine, mais plus de stress, la fatigue morale s'est substituée à la fatigue physique». Le stress au travail se manifeste, dans la plupart des cas, sous forme de comportements agressifs, d'oublis ou d'erreurs professionnelles qui peuvent engendrer de graves accidents de travail. Toujours est-il que le stress n'est pas considéré comme un accident de travail ou une maladie professionnelle, note le Dr Ilès. «Mais cela ne signifie pas que l'employé stressé n'a pas droit à une prise en charge», ajoute-t-elle. «Bien au contraire, il doit être bien entouré et mis à l'abri d'éventuelles complications, cela évitera à son entreprise bien des pertes.» L'idéal serait, de l'avis de la directrice générale de l'Inprp, de «déclencher l'alarme avant que le mal ne prenne racine lors de la visite médicale qu'effectuent les travailleurs chaque année conformément à la loi».