Israël a déjà échoué dans sa tentative d'instaurer un black-out sur ses crimes de guerre à Gaza. Si Tel-Aviv a bloqué, à cet effet, les journalistes, les médecins, eux, ont parlé. Ils disent toute l'horreur de ce massacre de la population palestinienne. A travers des témoignages poignants, ils disent les assassinats, les bombardements, le déluge de feu et de fer. Ils ont été, pendant les dix premiers jours de l'offensive israélienne, les deux seuls praticiens occidentaux présents dans l'enclave palestinienne. «L'accueil de l'hôpital Shifa était comme une scène de l'enfer de Dante», se souvient Mads Gilbert, un médecin également élu régional de l'extrême gauche norvégienne, connu et parfois critiqué pour son engagement pour la cause palestinienne. «J'ai pensé : C'est à ça que l'enfer doit ressembler. Tous les cris, tout le désespoir, tout le sang, tous les membres arrachés», a-t-il déclaré, évoquant le jour où le marché aux légumes de Gaza a été bombardé, le 4 janvier dernier. Mads Gilbert, 61 ans, et son collège Erik Fosse, sont rentrés, lundi dernier, en Norvège après avoir été envoyés à Gaza par le Comité norvégien d'aide (NORWAC), une organisation d'aide médicale norvégienne active au Liban-sud. Amaigris et épuisés, les deux praticiens, qui ont souvent travaillé dans des pays en guerre, se sont dit surpris qu'aucun journaliste occidental n'ait pu rentrer dans la bande de Gaza. «Le premier jour, l'hôpital a eu 80 opérations. Il n'y avait pas assez de blocs opératoires. Il y avait deux patients par bloc ou alors on les opérait dans les couloirs», raconte Mads Gilbert. «Après deux semaines de désastre, ils manquent de toutes sortes d'équipements, de nourriture, d'électricité», rapporte-t-il encore. Durant ces dix jours, les deux hommes sont devenus des relais médiatiques importants, la bande de Gaza étant fermée aux journalistes occidentaux. «Je n'ai jamais vu une zone de guerre dans laquelle ne se trouvaient pas de nombreux journalistes», remarque Erik Fosse. «Nous avons compris que nous allions devenir des témoins de ce qui se passait à Gaza. Nous n'étions pas vraiment préparés à ça. Nous n'avions pas de téléphone satellitaire, je n'avais même pas emmené mon ordinateur portable», a raconté Fosse. Hier, mercredi, les avions de guerre israéliens ont ciblé même des cimetières s'en prenant ainsi aux morts après les vivants. Un avion israélien de type F16 a bombardé le cimetière de «Cheikh Redouane», au nord de la ville de Gaza, précise une source palestinienne. Les dépouilles de plusieurs morts et martyrs tombés lors de cette agression ont été déchiquetées et leurs lambeaux se sont éparpillés dans le cimetière, soulignent les mêmes sources citant des témoins.