En dépit de la vindicte populaire, à laquelle elle allait être livrée, Yonit Levy, une journaliste de Channel 2 Israël, a eu le courage de faire remarquer à la fin de son journal télévisé qu'il était difficile de convaincre le monde que la guerre israélienne contre Gaza était juste. Parce qu'elle a éprouvé de la sympathie pour les victimes palestiniennes des massacres de l'armée israélienne à Gaza en voyant les horribles et insoutenables images, une journaliste de Channel 2 Israël, Yonit Levy, risque d'être limogée par ses responsables. En effet, une pétition, qui a recueilli 30 000 signatures, exige sa démission ou son limogeage. Devant les chiffres têtus démontrant l'inégalité des forces en présence, à travers les bilans des pertes humaines effarantes du côté palestinien et insignifiantes du côté israélien, 1 200 morts palestiniens, dont la moitié est composée d'enfants, de femmes et de vieillards, contre un peu plus d'une dizaine de soldats et de civils israéliens, il faut dire qu'il n'y a pas photo ! Constatant cela, Yonit Levy a conclu son journal sur Channel 2 en faisant remarquer que “c'est dur de convaincre le monde que cette guerre est juste alors que nous avons un mort quand les Palestiniens en ont 350”. Cette marque de sympathie est intolérable en Israël, où les médias, notamment les radios et les télévisions, ont pour mission de montrer uniquement les images d'Israéliens terrifiés courant aux abris et des dégâts causés par les roquettes palestiniennes, pour contrer la presse internationale, qui n'a cessé de montrer les décombres de la bande de Gaza et les victimes palestiniennes. L'objectif est d'inverser cette disproportion, en évitant surtout de montrer ces images de bébés palestiniens sans vie, celles des immeubles bombardés et des civils qui fuient les combats. Cela se confirme par cette déclaration de Motti Kirshenbaum, un commentateur de Channel 10 : “Israël est en guerre maintenant et naturellement, les images et les reportages qui l'intéressent le plus portent sur les soldats au front qui ont de la famille à l'arrière et sur tout ce qui a à voir avec les tirs de roquettes Grad et Qassam.” Cette politique est illustrée par les nombreux reportages diffusés par les chaînes de télévision israéliennes sur un nourrisson israélien légèrement blessé par des éclats de roquettes le 6 janvier, alors qu'elles ont fait à peine allusion aux 70 Palestiniens tués ce jour-là par l'armée israélienne, dont une quarantaine dans une école de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa. Pour justifier ce parti pris flagrant, les chaînes israéliennes informent leurs téléspectateurs qu'il existe des images crues des victimes palestiniennes mais disent ne pas vouloir les montrer par respect pour les morts et leur famille. L'autocensure est érigée en règle au sein des médias israéliens. Elles s'arrangent toujours pour interrompre leurs programmes respectifs pour faire état d'une alerte ou d'un tir de roquettes palestiniennes sur le huitième du territoire israélien, à la portée des roquettes. Ainsi, les journalistes israéliens ont choisi de réduire à néant le point de vue palestinien encore plus qu'à l'accoutumée. “Nous ne montrons que la moitié de la vérité”, admet le chef du service étranger de la Chaîne Deux. “Notre audience est israélienne et elle n'a pas envie d'entendre parler des Palestiniens. Elle estime qu'en temps de guerre, il faut serrer les rangs avec les soldats”, ajoute-t-il, avant de conclure : “Le problème, c'est que notre public ne comprendra rien si, un jour, l'un de nos généraux est inculpé pour crimes de guerre.” Merzak T.