Entrailles n Connue pour être la ville des ponts, elle exhibe fièrement ses escarpements abrupts, mais semble faire mystère d'une autre de ses curiosités, nichée, celle-là, dans ses profondeurs sous forme de galeries souterraines, de grottes, de cavernes et de bien d'autres excavations. Peu de Constantinois savent que l'antique Cirta se prête merveilleusement bien à des sports ou des activités d'évasion et de dépaysement, tels l'escalade et le saut à l'élastique, car elle recèle dans ses tréfonds des grottes, des galeries et des souterrains qui restent à découvrir et à redécouvrir. Eparpillés à travers les sites rocailleux qui surplombent le Rhumel, tous ces trésors, fruits de la nature ou intentionnellement creusés de la main de l'homme, «gagneraient à être recensés, aménagés et exploités», estime un élu de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), Badis Foughali. Ce professeur à l'université Emir-Abdelkader pourrait voir son vœu rapidement exaucé puisqu'il effectue régulièrement des «expéditions» souterraines à la tête d'une commission mixte que la wilaya a mise sur pied pour les besoins d'une étude complète sur ces sites cachés. Cette initiative permettra d'inventorier les grottes dont les plus connues sont celles du Pigeon, de l'Ours et du Mouflon, auxquelles viennent s'ajouter d'autres vestiges souterrains qui forment de vraies dédales de galeries difficiles à explorer sans équipements adéquats ou sans le concours de services compétents. A l'arche naturelle, haute d'une soixantaine de mètres, qui relie deux rochers formant un pont naturel creusé dans la roche par les torrents, s'ajoutent les grottes de l'Ours et du Mouflon, nichées à quelque 120 mètres au-dessus des falaises que traversent les eaux du Rhumel et qui donnent naissance aux chutes et aux cascades de Sidi M'cid que domine, 160 mètres plus haut, le célèbre pont suspendu du même nom. Sur le site qui sert de piédestal à l'antique capitale numide, l'on trouve de nombreuses traces des premiers habitants de Constantine, notamment des peintures rupestres datant de quelque 30 000 ans, jalousement gardées sur les parois obscures de ces pittoresques grottes naturelles. Se référant à des données géologiques et archéologiques de la wilaya, l'universitaire souligne qu'à l'ère quaternaire, le Rocher de Constantine n'était pas détaché de celui de Sidi M'cid, et à cet endroit, les eaux d'un torrent coulaient vers le sud, inversement à leur cours actuel. Plus tard, le Rhumel, qui jusqu'alors passait à l'ouest du Rocher, vint buter sur la falaise et ses eaux creusèrent une galerie souterraine avant de trouver une issue vers le nord. Les voûtes s'écroulèrent, donnant peu à peu son aspect actuel au site. Le canyon ainsi dessiné par la nature, long de 800 m et profond de 135 m à son début, atteint près de 200 m à Sidi M'cid, selon les données en possession de M. Foughali. Les entrailles de Constantine renferment d'autres galeries et souterrains qui demeurent encore méconnus du public et qui méritent d'être explorés, recensés, réhabilités et bien entretenus pour être exploités ne serait-ce qu'à des fins touristiques, note aussi le président de la commission mixte de wilaya.