Constat n De la librairie du Tiers-Monde, à El-Islah, en passant par celle de la faculté d'Alger et une dizaine d'autres que nous avons sillonnées, il est difficile de distinguer une librairie d'une autre. Ainsi, malgré l'afflux que connaît la capitale, rares sont ceux qui ont pour intention de faire un tour aux librairies, histoire de prendre connaissance des nouveaux titres. C'est presque illusoire de penser que les Algériens se bousculent dans ces milieux du savoir. Notre tournée nous a permis, toutefois, de mieux connaître les livres les plus demandés, ainsi que les prix affichés. Sur les rayonnages des librairies visitées, on distingue à première vue des livres d'informatique, d'histoire, du parascolaire, de psychologie, des romans, et une masse de reliures des publications religieuses portant sur l'Islam, l'exégèse, la sunna… Evoquant les publications proposées et leurs prix, les responsables de ces espaces étaient unanimes à dire qu'hormis les ouvrages importés qui reviennent relativement cher, les publications nationales restent abordables. En précisant que le parascolaire et les publications religieuses viennent en tête des livres les plus vendus. Concernant cette absence d'activités parallèles, telles que les ventes dédicaces par les auteurs, comme cela se fait sous d'autres cieux où toute publication est suivie systématiquement d'une vente dédicace, il faut signaler que cette faille incombe pour certains, aux auteurs qui limitent ce genre d'activités, lorsqu'elles sont programmées, à une ou deux librairies. Pour d'autres cependant, ce type de vente est une tradition que nous avons du mal à faire perpétuer chez nous. Pourtant, ce genre de manifestation est à même de rapprocher l'auteur de ses lecteurs en le fidélisant. «Le fait d'avoir la dédicace d'un personnage public sur son livre, celui-ci aura nécessairement une autre valeur», dira un des libraires. La vente du livre a, incontestablement, diminué par rapport aux années 1960, 70, 80, voire 1990. Et c'est une des raisons, d'ailleurs, qui ont poussé un certain nombre de libraires à changer d'activité. Il faut dire que le manque de moyens matériels, d'espaces de lecture, de publications locales qui sont loin de se mesurer en valeur qualitative aux livres étrangers dissuadent tout amateur de cette «nourriture de l'esprit». A cela s'ajoute la qualité de l'enseignement et la place accordée à la littérature dans nos établissements scolaires. En effet, hormis quelques titres d'écrivains qui se sont distingués au lendemain de l'indépendance, la jeunesse algérienne ne semble guère s'intéresser à la littérature. On ne peut nier l'évidence qu'ils préfèrent passer leur temps libre devant les jeux vidéo, Internet, TV et autres… En somme, devant la séduction fascinante de ces nouvelles technologies, et l'absence d'une politique appropriée pour donner aux nouvelles générations cette passion de la lecture, on ne peut dire que celle-ci a un avenir devant elle.