Situation n Le stade est devenu le théâtre de tous les comportements démesurés. A commencer par les agressions verbales aux affrontements physiques en passant par les jets de fumigènes et de différents projectiles... ignorant lois et règlements, nos jeunes sont devenus incontrôlables dans les stades. Il faut dire que ces espaces se prêtent bien à des manifestations disproportionnées. Noyé dans la foule, le supporter est, de fait, anonyme. Soit un moment de liberté lui permettant de s'extérioriser et de se livrer à des comportements condamnés aussi bien par son entourage que par la société. Le fléau a pris de l'ampleur, notamment ces dernières années. La nouvelle génération a grandi dans des conditions particulières : au moment où le pays subissait les affres du terrorisme. Un facteur qui ne peut que favoriser, selon certains observateurs, l'expression par la violence chez les jeunes. Ils sont, dans leur grande majorité, touchés par la précarité, la déperdition scolaire, le chômage, la drogue, ainsi que l'absence de perspectives. Sans encadrement aucun, le stade leur permet de décompresser sans avoir à rendre de comptes à quiconque. Il ne se passe pas un week-end sans qu'un terrain de foot soit envahi par les hooligans, le transformant en un ring en utilisant parfois des armes blanches. Peu importe la dimension du club. Que ce soit un simple club de quartier ou évoluant en division Une, chaque contre-performance provoque une colère qui se transforme presque systématiquement en émeute. Qui ne se souvient pas déplorable spectacle qui a suivi la relégation du Mouloudia d'Oran en division deux ? Quatre jours durant, les supporters oranais ont semé le chaos dans la ville. L'ensemble des responsables sportifs s'étaient, alors, mobilisés pour tenter de contenir la colère des jeunes. Mais ces derniers ne semblaient pas avoir entendu les appels à la raison et les garanties données par les autorités. Ils ont promis d'œuvrer pour le retour de leur équipe parmi l'élite du football national. Les autorités chargées de ce dossier ont, depuis, multiplié les dispositifs dissuasifs, dont des sanctions sportives et financières. Mais les dérapages des supporters ont persisté et le nombre d'incidents n'a pas baissé. Une situation qui a poussé le premier responsable du secteur, El-Hachemi Djiar, à tenir un autre discours. Dans une rencontre organisée sur le phénomène le 20 novembre dernier, il a insisté sur «le renforcement du dialogue avec les jeunes pour mieux connaître leurs préoccupations». Une déclaration qui confirme que l'origine de la violence dans nos stades est loin d'être synonyme d'un attachement fanatique des supporteurs à leur club.