Destin n À peine après avoir fait le voyage à Bordj Bou-Arréridj pour l'enterrement de sa mère, Benchikha reprend la route pour Tunis afin de porter de nouveau son équipe à la tête du classement du championnat tunisien. En effet, il venait de réaliser une retentissante victoire face à l'Espérance, hier, dans le derby tunisois. Profitant d'une baisse du régime de l'Espérance de Tunis, leader jusqu'ici du championnat tunisien, qui, il y a deux semaines à peine, avait une avance de huit et six points sur ses poursuivants le Club Africain et l'Etoile du Sahel, le champion en titre a repris les rênes en deux temps trois mouvements. Deux journées ont suffi pour les Clubistes, champions en titre, de revenir à une longueur des Sang et Or en raison des deux faux pas de l'Espérance. Deux matchs nuls contre l'Olympique Beja (1 à 1) et le CS Hammam-Lif (2 à 2) ont ainsi relancé la course au titre à la veille du grand derby tunisois qui a eu lieu, hier, au stade du 7-Novembre de Rhadès entre l'Espérance et le Club Africain. Un 106e derby qui s'est déroulé dans des circonstances particulières, notamment du côté clubiste où l'entraîneur algérien Abdelhak Benchikha, surnommé «le général» depuis qu'il a offert le titre de champion à son club après douze années d'attente, venait de perdre sa mère enterrée vendredi à Bordj Bou-Arréridj. C'est dire l'émotion qui s'est emparée du peuple Clubiste, de l'équipe dirigeante et des joueurs, voire de l'adversaire Espérantiste qui ont tous témoigné de leur sympathie et affection au technicien algérien, très affecté par cette perte cruelle. La fièvre du derby s'est emparée de la capitale tunisienne depuis une semaine, que ce soit dans les quartiers ou fiefs des deux clubs, dans les souks, dans les cafés, sur le banc des écoles et universités, au travail, tous les regards étaient braqués sur cet ES Tunis - Club Africain. Pour canaliser la foule qui devait se déverser sur le stade de Rhadès, les organisateurs ont réussi à écouler plus de 20 000 billets sur Internet avant d'en accueillir plus de deux fois le nombre le jour du match où les guichets avaient ouvert leurs portes à dix heures du matin. Cela n'empêchera pas certains malins d'écouler leurs billets au marché noir à 20 DT (alors que le sésame était fixé à 8 DT), au moment où les tifosi des deux clubs préparaient leurs fresques dans chaque virage. Ainsi, les Espérantistes ont choisi l'Aigle de Carthage, symbole de la puissance et de domination, alors que leurs homologues Clubistes ont été plus inventifs en mettant en avant quatre grands savants s'interrogeant sur le savoir d'un Benchikha avec sa casquette vissée sur la tête et plus adulé que jamais. La guerre des banderoles tourne à l'avantage des Clubistes, malgré les 6 000 drapeaux des gars de Bab Souika.