Résumé de la 22e partie n Mr Cayley intervient pour dire à Tuppence et Miss Minton que la guerre ne se terminera pas de sitôt, car l'Allemagne est encore forte. Sur ces entrefaites Mrs Sprot et sa fille Betty entrent... Sur quoi elle fourra l'une des pattes de Bonzo dans la manche du petit chandail, trottina jusqu'à un fauteuil et prit possession du coussin qu'elle posa sur le chien en peluche. Gloussant de plaisir, elle s'exclama, dans un immense effort : — Cache !... Ouah ouah !... Cache !... Non sans vanité, miss Minton fit étalage de ses talents d'interprète : — Elle adore jouer à cache-cache. Elle cache tout le temps des choses. Puis, feignant un étonnement hors de proportion, elle couina : — Où est Bonzo ? Où est Bonzo ? Mais où donc peut bien être Bonzo ? Betty, pour manifester sa joie, se roula par terre. Mécontent de voir interrompue sa conférence sur l'utilisation systématique par les Allemands de matières premières de substitution, Mr Cayley toussa avec fureur. A cet instant, Mrs Sprot, le chapeau sur la tête, revint et prit Betty dans ses bras. On en revint à Mr Cayley. — Que nous disiez-vous donc ? demanda Tuppence. Mais Mr Cayley avait été offensé. Il commenta, sévère : — Cette femme n'arrête pas de planter là sa fille, en espérant que les autres vont s'en occuper. Tout bien réfléchi, je crois que je vais prendre mon écharpe de laine, ma chère. Le soleil s'en va. — Je vous en prie, Mr Cayley, poursuivez, supplia miss Minton. C'était tellement passionnant, Il n'en fallait pas plus à Mr Cayley pour reprendre le fil de son discours, non sans avoir, préalablement, enroulé son écharpe de laine autour de son cou décharné : — Comme je vous le disais, les Allemands ont perfectionné à un point remarquable leurs méthodes de... Tuppence se tourna vers Mrs Cayley. — Et vous, que pensez-vous de la guerre ? — Ce que j'en pense ? sursauta Mrs Cayley. Que... que voulez-vous dire ? — Vous croyez qu'elle va durer au moins six ans ? — Oh ! j'espère que non, glissa Mrs Cayley, dubitative. Six ans, c'est très long, non ? — Si. C'est très long. Mais quelle est votre opinion ? Une question aussi directe ne pouvait que mettre Mrs Cayley au supplice. — Je... je n'en ai aucune, balbutia la malheureuse. Je ne sais pas du tout. Alfred dit qu'elle va durer. — Mais vous n'êtes pas d'accord avec lui ? — Oh ! je ne sais pas. C'est bien difficile à dire, non ? Une vague de fureur saisit Tuppence. La sirupeuse miss Minton, le tyrannique Mr Cayley, l'inepte Mrs Cayley – était-ce réellement un échantillonnage représentatif de ses compatriotes ? Et Mrs Sprot, avec ses yeux en billes de loto et sa face de carême, valait-elle beaucoup mieux ? Et elle, Tuppence, que pourrait-elle bien découvrir dans un endroit pareil ? Aucun de ces gens, à coup sûr, ne pouvait être (à suivre...)