Désillusion A juger les infrastructures de base que compte Jijel, on serait tenté de croire qu?on a affaire à un géant économique. Cependant, la réalité est tout autre. La ville est loin d?être cet ogre économique. Le port de Djen-Djen, le plus grand du pays, a été réalisé en 1992. Il dispose d?une capacité de manutention de 4,5 millions de tonnes. Son raccordement aux principaux axes de liaison, notamment la pénétrante Nord-Sud Jijel-Sétif et son embranchement au chemin de fer constituent des éléments forts qui lui permettront de devenir l?axe privilégié du transport euro-africain et prédisposent la wilaya de Jijel à jouer un rôle important dans les échanges intercontinentaux. L?aéroport Ferhat-Abbas, jouxtant le port et la zone industrielle de Taher, offre toutes les commodités pour un transport aérien performant. Il permettra des liaisons long-courrier que ce soit dans un cadre national ou vers l?étranger, renforçant l?animation et l?intégration économiques et spatiales de la wilaya De son côté, la RN 77 pénétrante Nord-Sud reliant Jijel à Sétif permet une double fonction : désenclaver et structurer l?arrière-pays montagneux de la wilaya, relier les installations du port de Djen-Djen aux grands centres urbains de la région des Hauts-Plateaux Est-Sud et constituer l?axe de transport privilégié euro-africain. Toutefois, ces ouvrages n?ont pas eu la réussite escomptée. Le port ne fonctionne qu?à 5 % de ses capacités. Son voisin, celui de Béjaïa, bien qu?il soit plus petit, enregistre une activité plus intense. L?aéroport, depuis l?arrêt de Khalifa Airways, tourne au ralenti. Les trois rotations quotidiennes sont devenues hebdomadaires. L?autoroute, conçue pour accueillir une circulation accrue, fait office de route de village, vu qu?elle est peu sollicitée. Cette décrépitude s?explique essentiellement par la décennie noire qu?a traversée la ville. Tous ces ouvrages ont été achevés entre 1992 et 1994. Une période particulièrement dure pour Jijel. L?insécurité a obligé les investisseurs à se tourner vers des cieux plus cléments, réduisant ces réalisations à des gouffres financiers. L?agriculture, pour sa part, fait office de parent pauvre. A vocation agricole, Jijel ne possède malheureusement pas les moyens lui permettant de jouer un rôle prépondérant dans l?économie nationale. Adoptant des méthodes artisanales, l?agriculteur pense plus à satisfaire la demande locale qu?à l?exportation. Ainsi, économiquement parlant, Jijel est un géant qui dort. A quand le réveil ?