Causes n La dégradation de la situation sociale n'explique pas, à elle seule, l'ampleur prise par la fausse mendicité. La rupture opérée avec la planification de l'Etat après trente ans de socialisme y est certainement pour quelque chose. Pour certains, c'est même une certitude, cette politique d'assistanat a entraîné dans son sillage une culture du gain facile chez de nombreux Algériens. Par le passé, la mendicité organisée était réduite à la communauté des Beni Hadjres dans la wilaya de M'sila. Ses membres se déplaçaient, à longueur d'année, par tribus entières, dans toutes les régions du pays. Une fois leur camp installé, elle se vouait entièrement à la mendicité. Pendant un à deux mois, selon les saisons, les Beni Hadjres parcourent tous les recoins de la ville choisie pour leur campement, sollicitant la générosité de la collectivité. C'est donc un choix culturel qui remonte à des générations, contrairement à ce qui est visible aujourd'hui. En effet, le fléau a pris une nouvelle tournure qui pourrait s'assimiler à une perte de repères touchant toutes les franges de la société. Ce qui était jadis une forme d'expression d'une générosité ancestrale, s'est transformé en escroquerie planifiée. Peu importent les moyens utilisés pour amadouer les cœurs les plus sensibles, l'important c'est le gain. A chacun son stratagème et sa technique. Si certains préfèrent les enfants en bas âge pour susciter la compassion des gens, d'autres choisissent de déambuler avec des personnes handicapées ou carrément exposer leur infirmité, histoire d'attendrir les passants. Les plus en vogue aujourd'hui sont ces personnes venues, soi-disant, de l'intérieur du pays, sans argent et qui ont besoin d'aide pour retourner dans leur ville d'origine. Elle est visible et omniprésente, cette mendicité professionnelle que l'on rencontre à chaque coin de rue. Dans les bus, les trains, les mosquées, à l'entrée des cimetières, elle est là, narguant tous les dispositifs annoncés par les autorités. Même les autoroutes n'y échappent pas. Les automobilistes empruntant l'autoroute de l'est d'Alger auront certainement remarqué ce groupe de femmes qui se manifestent à chaque ralentissement de la circulation pour demander l'aumône. Celles-ci sont, à en croire les témoignages des usagers de ce tronçon, récupérées, à la tombée de la nuit, en attendant une autre journée de travail. Tout compte fait, le phénomène s'est presque banalisé. Les pouvoirs publics sont à cet effet interpellés pour mettre fin à ce fléau en sanctionnant les manipulateurs et en soulageant ceux qui sont réellement dans le besoin.