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Le seuil d'alerte
AVORTEMENTS CLANDESTINS
Publié dans L'Expression le 23 - 07 - 2006

Existe-t-il vraiment une différence entre un assassin et un médecin qui accomplit un avortement clandestin? Dans de nombreux cas, il y a une forte ressemblance entre les deux attitudes qui sont condamnées, toutes les deux, par la loi.
En Algérie, l'avortement clandestin a pris, ces dernières années, des proportions inquiétantes. C'est encore un sujet tabou que l'on évoque presque secrètement, mais qui fait des ravages dans le milieu des jeunes filles.
A l'heure actuelle, il n'y a pas de chiffres officiels concernant ce fléau. Les quelques chiffres rendus publics par les services concernés sont malheureusement très loin de la réalité et ne reflètent, en aucun cas, la gravité de la situation qui échappe à la société et l'autorité sanitaire. Certaines sources, qui se sont intéressées de près à ce phénomène, qui dénote d'un relâchement total des moeurs dans notre pays, ont affirmé qu'en Algérie, il y a près de 80.000 cas d'avortement par an. L'avortement clandestin a connu une nette recrudescence à l'ombre d'une augmentation effrayante des agressions sexuelles, l'inceste et la prostitution en milieu juvénile. La peur du scandale et des représailles des proches ne constituent pas les seules raisons qui poussent des jeunes filles âgées de 17 à 20 ans à recourir à cette méthode. La société algérienne ayant perdu presque tous ses repères, l'honneur de la famille n'est plus ce qu'il était. A vrai dire, de nombreuses jeunes filles qui n'ont pas réussi à éviter le piège de la grossesse ont recours à l'avortement clandestin, parce qu'elles ne voulaient pas «s'encombrer». Aujourd'hui, que les tests de grossesse sont effectués par un grand nombre d'officines sans la moindre formalité, toute la fille qui s'est «laissée aller» a désormais toute la latitude de savoir sans aucun problème si elle est enceinte ou pas avant que ne soit bouclé le second mois de grossesse. Dans ces conditions, elle n'a qu'à frapper à la «bonne» adresse afin de se procurer les comprimés qui lui permettront de se débarrasser du foetus, chimiquement. Ces comprimés, qui ne sont disponibles théoriquement qu'au niveau des services hospitaliers, sont vendus par des dealers d'un nouveau genre, jusqu'à 10.000 DA le comprimé! A Sétif, Alger, Oran, Annaba et Constantine, les services de sécurité ont réussi à démanteler plusieurs réseaux spécialisés dans l'avortement clandestin, composés d'infirmiers, de médecins, de sages-femmes et de femmes qui jouent le rôle d'intermédiaires. Ces arrestations ont eu lieu après les complications survenues suite à une overdose ou un avortement chirurgical raté. En 2005, plus de trente femmes ont trouvé la mort parce qu'elles ont subi cette opération dans des conditions inappropriées et souvent par des mains inexpertes. Selon les spécialistes, l'avortement chirurgical constitue un véritable crime. C'est une mise à mort d'un être vivant, exécuté de sang-froid par des médecins qui ont vendu leur âme au diable. A l'inverse de l'avortement légal qui ne survient qu'après que les médecins aient prouvé que la femme enceinte risque de perdre la vie ou qu'il y a une certitude concernant une malformation du bébé, l'opération clandestine ne répond qu'à un seul paramètre: l'argent! Rongée par une grave crise économique et morale, la société algérienne est devenue au fil des années un terrain fertile pour toutes les pratiques mafieuses et perverses.
La multiplication des lieux de «jouissance» même dans les coins les plus reculés du pays, la propagation rapide de la consommation de l'alcool et de la drogue, en même temps que le rétrécissement des valeurs ancestrales et religieuses ont compliqué davantage la situation. Le mal s'est enraciné et les pouvoirs publics n'ont aucune chance de l'éradiquer en utilisant les moyens répressifs dans un pays où la moitié de la population n'a qu'une seule priorité : sa survie. On est encore loin de l'enfer des «favelas brésiliennes», mais la situation est réellement préoccupante. Combien de filles ont-elles fugué après une aventure sexuelle qui a mal tourné? La police possède-t-elle un fichier détaillé sur ces filles, mineures pour la plupart, prises en otage par de puissants réseaux spécialisés dans le proxénétisme? Pour répondre à ces questions et à tant d'autres, on est obligé d'évoquer un sujet tabou, un «cancer» qui touche à ce que la société algérienne a de plus sacré: la cellule familiale. Il s'agit bien de l'inceste, une perversion diabolique qui prend hélas de l'ampleur et s'étend même aux douars et autres villages et hameaux, loin des grandes concentrations urbaines. La justice, dans ses sessions criminelles, traite avec beaucoup d'amertume ce genre d'affaires et des affaires liées à l'infanticide, et les condamnations sont lourdes de conséquences. Combien de pères, de frères et oncles indigènes se sont-ils débarrassés, le moment d'une impulsion perverse, de leur statut d'humain pour commettre l'acte impardonnable? Au-delà des cas traités par la justice, combien d'affaires ont-elles été étouffées afin d'éviter le scandale et la honte?
L'inceste est l'une des causes directes de l'avortement clandestin. Il y a aussi les agressions sexuelles ou les viols. Selon les services de sécurité, le taux a été, l'année dernière, d'une moyenne d'une agression par jour, sur l'ensemble du territoire national. C'est tout simplement effarant. Autre phénomène qui a pris une ampleur inquiétante, c'est la propagation de la débauche et de la prostitution, au niveau des cités universitaires des jeunes filles. L'indépendance très mal assumée et l'attrait de la «belle vie» ont, de tout temps, constitué un piège pour ces dizaines de jeunes filles promises à une intéressante carrière scientifique et qui, dans un moment de faiblesse, dérapent juste après, et c'est la descente aux enfers. La rupture de tous les liens familiaux et la recherche effrénée par tous les moyens, pour éviter le scandale. C'est là qu'entrent en jeu les réseaux spécialisés qui proposent, selon les cas, soit l'avortement à l'aide de médicament ou un avortement chirurgical.
Ce dernier peut coûter jusqu'à 25.000 DA et il n'est pas sans risques. Voilà où en est la société algérienne qui subit de plein fouet les effets pervers d'une ouverture tous azimuts. L'avortement clandestin ne constitue, en effet, qu'un aspect d'une crise multiforme, aggravée par la situation économique, sociale, et politique confuse où seuls les amateurs de la politique politicienne tirent leur épingle du jeu. La jeunesse est démobilisée, la cellule familiale est au bord de l'éclatement et la société en général est presque paralysée faute de perspectives. Dans ces conditions il n'est pas étonnant que le discours moral ne soit d'aucun effet. L'avortement clandestin comme la consommation de la drogue ou la «traite des blanches» ne peuvent être soumis à un traitement radical que dans le cadre d'une réforme globale qui touchera tous les secteurs.


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