Appréciation n La pièce, qui traduit le drame de la jeunesse algérienne, a présenté, au niveau de la dramaturgie, une qualité de jeu avérée. Le Mouvement théâtral de Koléa (MTK) a présenté, hier, à la salle El-Mougar, sa nouvelle pièce Kadhim El-Ghaïd, et ce, à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information. Écrite et mise en scène par Taouint Youcef, la pièce raconte l'histoire d'un jeune homme, Kadhim, qui, fraîchement diplômé en art de la chorégraphie, ne trouve pas d'emploi. Le chômage fait qu'il ne peut se marier. Parallèlement, la bureaucratie est tellement lourde que pour travailler, il lui faut présenter un acte de mariage. Il entre alors dans une spirale sans fin et dans un cercle vicieux infernal. Cette situation pousse le jeune homme à prendre des risques. Découragé, il devient vendeur de cigarettes. Pis encore, il accepte la proposition d'un mafieux : vendre de la drogue. Il sera arrêté par la police, traduit devant la justice et écope d'une lourde peine. À sa sortie de prison, Kadhim se retrouve sans emploi ni toit : ses parents morts, la maison familiale vendue, il se retrouve seul, et seul il fait face à son destin. Désespéré, il décide alors de se suicider… La pièce traduit le drame et le désespoir de la jeunesse algérienne. Une jeunesse sans horizons et sans espoirs. Elle aborde, en outre, le drame des harragas – Kadhim tente de traverser la mer dans une embarcation, espérant refaire sa vie sous d'autres cieux plus cléments… C'est la réalité amère et pathétique d'une génération sans présent ni avenir qui est présentée dans la pièce. Celle-ci a présenté, au niveau de la dramaturgie, une qualité de jeu avérée. Le jeu des comédiens s'est, en effet, illustré par une performance scénique appréciable, voire soutenue. La façon dont les rôles étaient campés était effectivement substantielle tant dans l'interprétation langagière, c'est-à-dire le dialogue qui se disait en dialectal, que dans la gestuelle, vive et subtile. Par moments, les comédiens se livraient à des expressions corporelles – il s'agissait de figures chorégraphiques. Cela conférait à la pièce une touche créative. Le jeu était, en somme, aisé, délié. Il était si convaincant que la pièce, d'une durée de quatre-vingts minutes, s'est déroulée à un rythme fluide. Ce qui nous frappe dans la pièce, ce qui nous interpelle et suscite notre intérêt, c'est la franchise du jeu ; celui-ci étant naturel, et les personnages authentiques. Cela rendait la trame dramaturgique forte, intense et crédible – l'imaginaire scénique était sincère. La pièce, de surcroît, dégageait une forte charge émotionnelle. Ce fluide émotionnel était ressenti, et sensiblement perçu.