Chéraga Hind, une jeune fille de 19 ans, a décidé de mettre fin à sa vie, en ce samedi 17 janvier 2004. Elle se jette du quatrième étage de l?immeuble et s?écrase la tête la première sur le sol. Selon les premiers témoignages recueillis, Hind ne présentait aucun trouble psychique qui aurait provoqué son acte. Une dame d?un certain âge nous parle de son émoi : «Nos enfants se tuent de plus en plus, le nombre de suicides augmente de jour en jour, les chiffres ont triplé ces derniers temps, c?est une véritable catastrophe.» Les parents de Hind relisent en sanglotant le message que leur a laissé leur fille avant de mettre fin à ses jours. Des mots simples, écrits avec les larmes et la souffrance. Quelle cause peut ainsi conduire une jeune fille pleine de vie à commettre un acte irréparable ? Hind s?est laissé engloutir dans le désespoir, pensant que ses jours étaient comptés. La vie lui paraissait insupportable. Elle s?est éteinte tragiquement à l?aube de ses 19 ans, emportant avec elle, à jamais, son secret, le mystère de son acte. Rabah, le père de la victime dit : «Nous avons tout fait pour lui donner une bonne éducation, certes, je ne pouvais pas lui offrir le grand luxe, mais je lui ai inculqué les véritables valeurs humaines. Nous vivons dans un modeste appartement de quatre pièces et je m?estime heureux auprès de ma petite famille, qui est toute ma vie et mon bonheur. Ma fille était brillante à l?école primaire et au collège. Lorsqu?elle a eu 17 ans, elle a commencé à ressentir l?influence de l?extérieur, à la période un peu critique de l?adolescence. Sa mère a toujours essayé de la remettre sur le droit chemin de la sagesse. Mais c?est à partir de cette période que ma fille a commencé à régresser dans ses études, ses notes étaient catastrophiques. Quelques mois après, alors qu?elle était en 2e AS, je fus surpris d?apprendre que Hind n?allait plus au lycée, elle séchait les cours. J'ai donc décidé d?aller voir ce qui n?allait pas? Ayant eu vent de ma démarche et de peur d?une confrontation, elle a alors fugué et s?est rendue chez une amie à elle.» Et, depuis, Hind a complètement abandonné les études, de son plein gré, certes. Comme nombre de jeunes, elle ne rêvait que de l?étranger. Pendant l?été, elle avait passé d?agréables vacances chez son oncle à Béjaïa, elle était très épanouie. «La veille de sa mort, nous avons longuement discuté ensemble. Elle était très belle, épanouie, heureuse, elle n?avait rien d?une fille désespérée.» «Avant sa mort, elle avait laissé un message, nous confie Rabah. La veille, sa s?ur Lynda, qui a 14 ans, a trouvé une courte lettre écrite par Hind, cela l?a terriblement choquée.» La lettre contenait ces quelques lignes : «Je t?aime papa, je t?aime maman, je t?aime Lynda et toi aussi mon frère Karim. Je suis désolée, je n?ai plus l?espoir de vivre, adieu.» Toufik, un voisin, révèle : «J?ai vu Hind le jour du drame à 11 h. Il y avait quelque chose qui émanait d?elle, elle était belle, sa beauté n?avait rien à voir avec celle qu?on peut décrire, d?autant que je connais Hind depuis sa naissance.» C?était une jeune fille respectueuse, elle avait une capacité d?écoute, elle savait raisonner et avait de la logique. En vérité, elle était révoltée. A un certain moment, elle a dû se retrouver dans une impasse et cette impasse, était, en fin de compte, la société particulièrement dure. Rabah, le père de Hind, lance un appel aux autorités pour la création de structures spécialisées à travers le pays dont la mission serait de venir en aide à notre jeunesse. C?est son seul et unique souhait.