Enlèvement La mère passe une dizaine de minutes au téléphone, lorsqu?elle raccroche Manel n?est plus là. Ainsi, pendant que Sabrina discutait avec sa mère au téléphone, l?enfant, curieuse de nature et attirée par la porte d?entrée entrouverte, décide d?aller se promener comme une grande. Dans sa tête de petite fille, elle s?est dit qu?elle avait le droit de sortir puisque personne n?est là pour la gronder. Elle ne serait donc pas punie. Confiante comme on sait si bien l?être à son âge, elle a suivi sans la moindre résistance sa gentille voisine Samra âgée de 34 ans, et mère de deux fillettes en bas âge. «Viens chez moi ma petite, je te donnerai des sucreries». La suite est horrible. A peine a-t-elle verrouillé sa porte qu?elle se saisit fébrilement d?un foulard et le noue autour du minuscule cou de la petite fille qui ne comprend plus rien. Froidement, impitoyablement, Samra serre. Plus Manel suffoque, plus elle serre. Quelle résistance peut-on avoir à deux ans ? En fin de soirée, la meurtrière habillée d?une djellaba rouge sort de chez elle avec un gros sac noir. A quelques centaines de mètres de chez elle, elle jette le corps de la victime dans un égout, comme s?il s?agissait d?une vulgaire poubelle. Elle rentre chez elle, rassurée. Elle ne sait pas que du balcon du quatrième étage, une dame a remarqué son douteux manège. Elle ne l?a pas reconnue, mais elle a remarqué la djellaba rouge et le sachet en plastique. Plus tard, elle témoignera. Le 12 mars 2000, deux jeunes passants remarquent une touffe de cheveux qui sort des égouts, et en y voyant de plus près, ils sursautent de terreur à la vue d?un petit corps enveloppé? Plus tard, les parents de la douce Manel s?effondrent en identifiant le corps de leur chère fille à la morgue de l?hôpital de Annaba. L?enquête regroupe les témoignages de deux honnêtes femmes. La première étant le témoin qui avait aperçu la forme humaine vêtue de rouge jetant le sachet en plastique dans les égouts, et la seconde étant la belle-s?ur de la meurtrière qui confie avoir prêté sa djellaba rouge à Samra ? et sur sa demande ? en ce jour dramatique. Samra, tremblotante, reconnaît les faits retenus contre elle. Les raisons de cet odieux crime ? «Sabrina, la maman de la victime, se moquait de moi ouvertement, car elle me savait pauvre et sans ressource, Monsieur le président». La vengeance, voilà une raison de mettre fin à une vie qui vient d?éclore. Le verdict est prononcé en janvier 2003 : la peine capitale. Que l?âme de la petite Manel repose en paix, justice est faite.