Résumé de la 3e partie n A Tananarive le magicien Cazeneuve commence sa représentation en choisissant l'époux de la reine et Premier ministre pour se prêter à ses numéros. Rainilaiarivony se concentre. Il est visible qu'il s'agit de tout autre chose que d'une simple séance de prestidigitation. C'est un affrontement qui a lieu entre les deux hommes, partisans de deux camps opposés. D'ailleurs, l'assistance, qui comprend plusieurs personnalités anglaises et françaises, ne s'y trompe pas. La tension est nettement perceptible. Le Premier ministre désigne brusquement l'une des deux sentinelles en faction devant la porte. — Je veux qu'il soit dans le canon de son fusil. On fait venir le soldat : le mouchoir est bien dans le canon. Rainilaiarivony ne veut pas s'avouer vaincu. — Et si j'avais dit un autre endroit ? — Pas de problème. Recommençons... Le mari de la reine fait venir six œufs. Il en désigne un. — Celui-ci ! — Cassez-le vous-même Le mouchoir est dedans. Encore une fois, l'incroyable s'accomplit. La représentation se poursuit sous les yeux de la reine Ranavalo de plus en plus admirative et de son Premier ministre d'époux de plus en plus renfrogné. Les numéros se succèdent, Marius Cazeneuve ne manquant pas d'y glisser des messages en faveur de la France. Par exemple, il fait accrocher un cornet à piston au grand lustre de la salle. Il s'incline devant la souveraine — Si Votre Majesté le demande, il va se mettre à jouer. Ranavalo se prête au jeu et l'instrument entonne La Marseillaise. Son mari intervient, l'air rageur, faisant taire les applaudissements de l'assistance : — Et si je lui demande de jouer le God Save the Queen, il le fera ? — Essayez, vous verrez bien. L'ordre est donné, mais au lieu de l'hymne anglais, c'est J'ai du bon tabac qui retentit au milieu des rires. L'illusionniste a gardé, comme il se doit, le plus exceptionnel pour la fin. Il s'agit d'un numéro que lui a enseigné son maître Robert Houdin et qu'ils sont restés les deux seuls à avoir réalisé. C'est d'ailleurs ce tour que Robert Houdin a employé pour aider les autorités françaises lors de la conquête de l'Algérie. Marius Cazeneuve annonce d'une voix théâtrale : — Maintenant, je vais me faire fusiller. C'est avec un visible plaisir que Rainilaiarivony demande à quatre hommes de sa garde de s'approcher et de mettre en joue le magicien. Marius Cazeneuve l'interroge : — Qu'est-ce qu'ils ont comme arme ? — Des fusils Remington. — Parfait ! Je ne crains pas les armes anglaises. Il donne lui-même l'ordre de feu. La fumée remplit le salon et, lorsqu'elle se dissipe, il vient montrer à la reine les quatre balles dans sa main droite. (à suivre...)