Résumé de la 4e partie n Marius Cazeneuve exécute un tour exceptionnel où il se fait fusiller... Cette fois le triomphe est total. Et il l'est d'autant plus que, durant la réception qui suit, la reine Ranavalo s'adresse à lui en particulier : — On m'a dit que vous étiez officier de santé. Marius approuve. Sans être docteur, il a fait plusieurs années de médecine et il est effectivement médecin militaire. — Alors pourriez-vous venir me voir au palais ? J'ai des palpitations. Marius Cazeneuve revient au palais et il se rend vite compte que si le cœur de la reine est malade, c'est au figuré qu'il faut comprendre la chose. La jeune et jolie Ranavalo s'ennuie à mourir auprès de son triste mari. Comme remède, il lui prescrit... de la conversation, qu'il vient lui faire lui-même. Marius Cazeneuve reste à Tananarive et les tête-à-tête avec la souveraine se multiplient. A tel point qu'elle trouve la force de résister enfin à son vieil époux. Revenant sur ses promesses, elle refuse de signer un prêt de 10 millions de livres accordé par l'Angleterre à l'État malgache. Y a-t-il eu entre eux autre chose qu'une amitié, que la reine a d'ailleurs tenu à sceller à la manière de son pays par un échange de sang ? On ne le sait pas et on ne le saura jamais. Les Anglais, quoi qu'il en soit, sont furieux. Ils font venir des illusionnistes de chez eux pour qu'ils aillent donner des représentations devant la reine. Mais à côté de Marius Cazeneuve, ce sont de simples amateurs et ils doivent vite s'en retourner sans avoir obtenu le moindre résultat. Alors, en désespoir de cause, les Britanniques font courir des bruits sur le compte du magicien et de la reine. Tant et si bien que le résident général français Le Myre de Vilers finit par s'en émouvoir et, pour éviter un scandale, demande à Marius Cazeneuve de quitter le pays. De toute manière, il n'est plus nécessaire qu'il reste, il a totalement retourné la situation en faveur de la France. Le dernier acte de cette histoire a lieu à Paris. Marius Cazeneuve est convoqué par les dirigeants de la République qui tiennent à le féliciter. Le président du Conseil d'alors qui, il faut bien le dire, n'a pas laissé un grand nom dans l'histoire, s'appelle Gobelet. Il remercie chaleureusement le prestidigitateur pour son intervention, et c'est d'autant plus justifié que celui-ci a tout payé de sa poche et que l'Etat n'a pas déboursé un centime. — La France vous doit une grande reconnaissance, mon cher Cazeneuve ! — Je n'ai fait que mon devoir, monsieur le Président. J'ai agi par sentiment patriotique. — Sans doute, mais toute peine mérite salaire. Le chef du gouvernement tapote familièrement la poitrine de son interlocuteur : — Tout cela vaut largement une médaille ! Considérez qu'elle est déjà sur votre veste... C'est sur ces mots que Marius Cazeneuve a quitté le président Gobelet. A partir de là, il a attendu en vain. Les autorités l'ont oublié, et il est mort sans avoir reçu la Légion d'honneur ni quelque décoration que ce soit. La croix, avec son beau ruban rouge, que le président du Conseil voyait déjà sur sa poitrine n'est jamais venue. Elle s'est évanouie, évaporée, volatilisée. Les hommes politiques sont parfois, eux aussi, de grands illusionnistes !