Résumé de la 5e partie n A cause de sa cupidité, le père des 7 fils est attrapé et dévoré par les ogres... Celle-là (la jambe), dit-il, nous la garderons. — C'est maintenant qu'elle est bonne à manger, grognèrent les autres. — Oui, mais il y a beaucoup mieux à faire que de la manger. — Et quoi ? — Nous allons la pendre à la plus haute poutre de la salle au trésor. Car celui qui a voulu nous voler n'est pas seul. Son frère, avant lui, est entré dans ce château et l'a pillé. Quand il ne verra pas revenir son frère, il le cherchera, et certainement il va venir jusqu'ici. Il connaît déjà les lieux. Il verra la jambe et il voudra l'emporter ; nous suivrons à la trace les gouttes de sang. Elles nous conduiront jusqu'au frère et nous le mangerons lui aussi. De fait, le père des sept filles s'inquiétait de ne pas voir revenir son frère, parti pourtant depuis long-temps. Il se rendait tous les jours chez sa belle-sœur demander si son mari n'était pas rentré. Elle, en revanche, ne montrait aucune inquiétude. — Femme, lui disait-il, ton mari tarde à revenir. — C'est le lot de tous les hommes, de rester longtemps absents. — Peut-être court-il des dangers ? — Comme tous les hommes. — Peut-être est-il mort ? — D'autres hommes sont morts avant lui. Tu es allé par les chemins et tu as ramené des boisseaux d'or. Pourquoi n'en rapporterait-il pas, lui aussi ? Il attendit encore quelque temps et, à la fin, résolut d'aller au château des ogres voir ce que son frère était devenu. Il connaissait maintenant bien le chemin. Aussi alla-t-il plus vite et parvint-il plus tôt auprès des trois hommes toujours au bord de la route. De grâce, dit-il après les avoir salués, apprenez-moi qui vous êtes. — Cela va faire la troisième fois, dit le vieillard, mais cette fois encore je vais te répondre. Tu vois cet homme debout et qui va travailler ? C'est ton destin. Et celui-là, couché près de lui ? C'est le destin de ton frère. Un doute affreux s'installa dans le cœur du voyageur. Il continua cependant son chemin et bientôt parvint au château. Une fois les ogres sortis, il entra. Il ouvrit et referma les sept portes, arriva dans la première salle, prit un peu de chaque plat, but un peu de chaque cruche, passa dans la deuxième salle, préleva dans chaque tas d'or quelques pièces, qu'il mit dans le pan de son burnous. Il allait sortir chercher dans les environs du château quand, levant la tête, il aperçut la jambe suspendue à la plus haute poutre. Il sentit son cœur se glacer dans sa poitrine : les ogres avaient dévoré son frère, ils n'avaient laissé de lui que cette jambe, qu'il reconnaissait et qu'ils gardaient sans doute pour la manger plus tard. Il la détacha, la jeta sur le petit tas de pièces qui étaient dans son burnous et se hâta de sortir. Sur le chemin du retour il songeait à la façon dont il allait annoncer la nouvelle à sa belle-sœur et à ses neveux, quand une chanson se fit entendre : «Si tu m'en donnes un peu, Couvre et couvre. Si tu ne m'en donnes pas, Découvre et découvre.» (à suivre...)