Résumé de la 4e partie n Le père des 7 fils part, lui aussi, au château des ogres, pour ramener de l'or à sa femme jalouse de son frère... Pour l'alléger, il en retirait quelques pièces, mais les remettait aussitôt, de peur de n'en avoir pas assez pris. Pendant qu'il s'acharnait ainsi, il oubliait l'heure et, quand les premiers bruits des ogres, qui rentraient dans leur château, lui parvinrent, il était trop tard. Il s'agita, chercha tout autour de la salle par où il pourrait fuir ou bien où il pourrait se dissimuler et, comme il ne trouvait pas, il alla à l'endroit reculé du château où les ogres jetaient leurs morts et il s'étendit parmi les corps étendus là. Les ogres entrèrent bientôt grognant, criant, heurtant tout sur leur passage. L'homme, épouvanté, entendit l'un d'eux dire — Hum ! Cela sent la chair fraîche ici ! Les autres râlaient de fureur à mesure qu'ils découvraient les larcins et le désordre dans lequel l'on avait mis leur maison. — Quelqu'un est entré, dit un jeune ogre. — Un homme ! fit un autre. — Peut-être qu'il est encore ici. Ils se précipitèrent aussitôt pour chercher dans toutes les salles, remuèrent ciel et terre, battirent tous les environs, mais ils ne trouvèrent rien. Ils allaient renoncer quand le plus jeune s'écria : — Il reste encore un endroit. — Lequel ? firent tous les autres en même temps. — Le champ aux morts. Ils prirent un tisonnier, le chauffèrent à blanc et se dirigèrent vers le fond du château. — A chaque mort qu'il rencontrait, le jeune ogre lui plongeait le tison- nier dans le pied. Le fer, en s'enfonçant dans la chair, faisait un bruit de charbon qu'on éteint. Mais les morts étaient bien morts. Les ogres allaient cette fois aussi s'en aller, quand brusquement un hurlement s'éleva et, du milieu des morts, un homme sortit, un homme vivant, qui se mit à se rouler par terre, à se contorsionner. Les ogres se précipitèrent. Ils allaient le dépecer, quand il cria pour couvrir leurs voix : — Attendez ! Ne me tuez pas tout de suite... pas avant que je vous aie conté mon histoire. Il la leur rapporta et conclut : — Je ne manquais de rien, mais j'en voulais toujours davantage. C'est la convoitise qui m'a poussé jusque dans votre château. Et ma femme, depuis qu'elle a vu mon frère rapporter tout cet or qu'il vous a dérobé, n'a plus cessé de me harceler. Voilà... Maintenant vous pouvez me dévorer. — Par où commencerons-nous ? demanda l'aîné. — Par la tête, dit l'homme, car c'est elle qui a écouté les conseils de ma femme. — Après la tête, que mangerons- nous ? — Les pieds, puisqu'ils m'ont amené jusqu'ici. — Après les pieds ? — Le ventre, car à cause de lui j'ai entrepris cette expédition. — Par quoi finirons-nous ? — Par les mains, qui n'ont pas su mettre un frein à leur convoitise. Les ogres alors se jetèrent sur lui, le dépecèrent, chacun en mangeant voracement une partie. Bientôt il ne resta de lui qu'une jambe, que l'aîné leur arracha. (à suivre...)