Les augures donnent parfois lieu à des jeux. On connaît, aujourd'hui, le jeu qui consiste à choisir une lettre de l'alphabet et à chercher des prénoms, des noms de pays, de fruits, de légumes, etc. qui commencent par cette lettre. Ce jeu est en fait très ancien et il était pris, autrefois, comme présage par les étudiants des écoles coraniques (tolba). Au début du XXe siècle, E. Doutté l'évoque à propos des tolba de l'Oranie qui «consultent le sort», pour savoir s'ils allaient recevoir un repas des gens du douar où ils se rendaient. L'un d'eux dit : «Ton nom commence par un B.» Un autre doit répondre immédiatement en disant un nom qui commence par la lettre B ; puis on l'interroge en disant : «Et ta merabt'a» ? Il doit répondre par un nom de femme commençant par B. Puis on lui demande de quel bois est son arc, ce qu'il a tué, quelle partie de la bête il a mangée, quel est son pays, etc. Et à cette longue série de questions, il doit toujours répondre par des mots commençant par B. Après le B, on passe au T, puis au TH, puis au DJ, et ainsi de suite jusqu'à la fin de l'alphabet. «S'ils arrivent, dans la soirée à la fin de l'alphabet, le présage est heureux : Dieu leur enverra une zerda (c'est-à-dire un cadeau). Voilà comment nous consultons le sort. On se réjouit d'avoir un taleb qui sait bien trouver les mots, parce que, grâce à lui, la zerda viendra.» «Ainsi, non seulement cet exercice présage la zerda, mais il la fait venir.»