Le jeune Roubaisien de 20 ans qui a mortellement poignardé, en octobre 2000, un père de famille de 23 ans, dans une station de métro de Roubaix, n'a pas exprimé de remords, lundi, au cours de la première journée d'audience de son procès qui se déroule à huis clos devant la cour d'assises des mineurs du Nord à Douai. L'accusé a adopté une attitude fataliste face à la mort de la victime, Franck Tavernier, père d'une petite fille de deux ans. Le meurtrier présumé, qui encourt une peine maximale de 15 ans de réclusion si l'excuse de minorité n'est pas levée par les jurés, avait 16 ans à l'époque des faits. «Je ne voulais pas le tuer, mais ça s'est passé comme ça», a expliqué brièvement le jeune accusé au président Jean-Claude Monier qui l'interrogeait sur les circonstances des faits, selon Me Franck Berton, l'un des avocats de sept membres de la famille Tavernier. Raide dans son box, l'accusé avait de la peine à se souvenir de ses déclarations. Le jeune homme, qui répondait aux questions de l'avocat général Patrick de Canecaude, était «impressionné». «Il a peur et c'est normal», a déclaré son avocat Me Eric Dupond-Moretti lors d'une suspension d'audience. Pour la défense, «c'est une bagarre qui a mal tourné. Et non pas un meurtre gratuit pour une cigarette». L'accusé est un «jeune homme déstructuré», «en perte de liens familiaux et affectifs», selon Me Dupond-Moretti. L'examen des faits a encore laissé des zones d'ombre autour des circonstances exactes de l'altercation puis de la bagarre mortelle qui s'est déroulée à la station de métro Epeule-Montesquieu à Roubaix. Un homme, «un grand black», qui était intervenu pour séparer les belligérants, n'a jamais été retrouvé malgré les appels à témoins. Franck Tavernier, qui rejoignait le quai de la station de métro en compagnie de sa fille de deux ans, de son frère Sébastien, de leur cousine et de deux autres amis, avait croisé dans l'escalator un groupe de cinq personnes, dont le meurtrier. Pour une cigarette refusée, les premières insultes ont fusé. Franck Tavernier a alors enlevé sa veste pour signifier qu'il était prêt à se battre. «Il ne s'est pas laissé faire. Il a réagi comme peu de gens osent le faire dans le métro», a expliqué, à la fin de l'audience, Me Blandine Lejeune, l'autre avocate des parties civiles avec Me Franck Berton. Franck Tavernier était alors ceinturé par un jeune garçon de 13 ans, qui sera jugé prochainement devant le tribunal des enfants de Lille, et frappé de plusieurs coups de couteau au visage. Après cette première agression, l'accusé, qui avait pris la direction de l'escalator, est revenu vers sa victime pour lui porter un coup mortel dans la région du c?ur. Il conteste encore cette version des faits. L'audience se poursuivra mardi sur l'audition des témoins du meurtre et l'examen de la personnalité de l'accusé. Le verdict sera prononcé dans les prochains jours.