Le coordinateur du GIA a été condamné comme “auteur” et non plus comme “complice” de l'attentat du métro Blanche, le 6 octobre 1995. Beaucoup ont pleuré de joie, à l'énoncé du verdict des victimes de l'attentat du RER B à Saint-Michel, le 25 juillet 1995. Leurs proches ont montré par des larmes leur satisfaction de voir Boualem Bensaïd condamné en tant qu'auteur de cet attentat, le plus meurtrier de la vague terroriste de 1995. Le terroriste a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, la même que celle prononcée lors du premier procès en octobre 2002. En outre, la cour a clairement dit cette fois que Boualem Bensaïd était le ou l'un des poseurs de bombes à Saint-Michel et pas seulement un complice. “C'était important pour les familles de mettre enfin un visage” sur l'auteur de cet attentat qui a fait 8 morts et 150 blessés, a confié Françoise Rudetzki, déléguée générale de l'association SOS Attentats. “Depuis le temps qu'on attendait ce mot (auteur) pour l'attentat de Saint-Michel, ça soulage”, a soufflé Dominique Brocheriou, sœur de Véronique, l'une des jeunes femmes décédées. “Nous sommes très contents”, a égalment commenté son père, Jean-Claude Brocheriou. Caroline Descamps, 29 ans, passagère de la rame dans laquelle la bombe a explosé, est toujours traumatisée. Soulagée par ce verdict ? “Disons plutôt, enfin en accord avec moi-même, avec mon intime conviction”, répond-elle. Elle explique, en redoublant de larmes, avoir craint l'an dernier d'avoir “accusé quelqu'un à tort”. Boualem Bensaïd a été reconnu coupable par la cour d'assises spéciale de Paris de trois attentats attribués au GIA à Paris en 1995. Si la sanction infligée à Bensaïd, 36 ans, est la même que celle à laquelle il avait été condamné lors d'un premier procès en octobre 2002, et dont il avait fait appel, la condamnation est plus lourde puisque, cette fois, il est déclaré coupable d'être l'auteur de l'attentat du RER B à Saint-Michel, alors qu'il n'avait été jugé que complice lors de la précédente audience. Il est par ailleurs déclaré coupable d'avoir posé la bombe qui a explosé le 6 octobre 1995 près de la station Maison-Blanche, avenue d'Italie (XIIIe) et complice dans l'attentat contre la rame du RER C à Musée d'Orsay (17 octobre, 30 blessés). La décision des neuf magistrats de la cour d'assises spécialement composée, est conforme aux réquisitions de l'avocat général. “Allah Akbar ! C'est une décision misérable...”, a crié Bensaïd à l'issue du verdict avant d'être évacué de la salle d'audience. Il a tout contesté durant l'audience. Son avocat, Me Laurent Pasquet-Marinacce, avait plaidé jeudi l'acquittement pour les attentats de Saint-Michel et du Musée d'Orsay et peu évoqué celui de Maison-Blanche, pour lequel la justice disposait de l'empreinte digitale de Bensaïd, retrouvée sur l'un des fragments de la bombe. Il a jugé le verdict “insatisfaisant”. “La cour a validé une démonstration de l'accusation qui est totalement improbable”, a-t-il expliqué ajoutant que son client avait “le sentiment que la cour avait répondu à la douleur des victimes”, qu'elle avait “trahi la vérité et la réalité du dossier”. Boualem Bensaïd avait, par ailleurs, été condamné en 1999 à 10 ans de prison et une interdiction définitive du territoire pour son appartenance à une “association de malfaiteurs terroristes”, puis à 30 ans de réclusion (dont 20 ans de période de sûreté) pour l'attentat raté contre le TGV Paris-Lyon le 26 août 1995. Le verdict rendu jeudi n'est cependant pas l'épilogue judiciaire des attentats de 1995, revendiqués par le Groupe islamique armé (GIA) algérien qui voulait ainsi punir la France d'aider le pouvoir algérien. L'un des complices présumés, Rachid Ramda, soupçonné d'avoir financé la campagne d'attentats, est détenu en Grande-Bretagne et la procédure d'expulsion entamée il y a huit ans, est toujours en cours. De même, les enquêtes sur l'assassinat de l'imam islamiste modéré de la mosquée de la rue Myrha, Abdelbaki Sahraoui, le 11 juillet 95, et l'explosion d'une voiture devant l'Ecole juive de Lyon à Villeurbanne (Rhône), le 7 septembre de la même année, se poursuivent. N. B.