Le procès d'un jeune homme de 19 ans accusé d'avoir assassiné, en juin 2002, une adolescente de 15 ans selon un scénario proche du film d'horreur Scream, s'est ouvert mercredi à Nantes devant la cour d'assises des mineurs de la Loire-Atlantique. Julien, âgé de 17 ans au moment des faits, est jugé à huis clos. Il avait frappé de 42 coups de couteau sa voisine Alice, élève de seconde comme lui, le 3 juin 2002, dans un espace situé à 200 m du domicile de la victime, à Saint-Sébastien-sur-Loire, dans la banlieue de Nantes. Cet espace est devenu, en 2003, le square Alice-Beaupère, à l'initiative de ses parents et de la municipalité. Le 3 juin, l'adolescente avait accepté d'aller s'y promener avec Julien, qui était venu la chercher chez elle. Après l'avoir poignardée, Julien s'était enfui à l'arrivée d'un autre voisin venu promener son chien, qui avait découvert la jeune fille ensanglantée. En attendant l'arrivée des secours, elle avait pu communiquer l'identité de son agresseur et prononcer quelques mots d'amour pour ses parents, avant de succomber. Arrêté chez ses parents quelques minutes après le drame, Julien avait expliqué qu'il était fasciné par Scream, une trilogie du réalisateur américain Wes Craven (1997, 1998, 2000) qui met en scène des adolescents issus de milieux bourgeois semant la terreur sur des campus et portant un masque effrayant pour poignarder leurs condisciples. Les enquêteurs avaient retrouvé chez lui un sac contenant un modèle du masque utilisé dans le film et un couteau. Mis en examen pour assassinat, le jeune homme est défendu par un avocat nantais, Me Gérard Doré. Deuxième enfant d'une famille sans histoire, inconnu des services de police et sociaux et élève de seconde générale au lycée des Bourdonnières, à Nantes, il a été soumis à plusieurs examens psychiatriques qui n'ont pas mis en évidence de maladie mentale, ni d'abolition du discernement au moment des faits. Selon les éléments de l'enquête, le jeune homme avait prémédité son geste, ayant décidé depuis un moment de «tuer quelqu'un». Il avait expliqué avoir tenté sans succès de joindre deux autres camarades, un garçon et une fille, avant de choisir Alice. L'adolescent, présenté comme «très intelligent», n'affichait nulle excentricité. Il trouvait «monotone» cette vie qu'il menait «comme un fantôme», avait-il expliqué au cours de l'enquête. Lors de sa garde à vue, il avait néanmoins manifesté des remords, affirmant ne pas avoir voulu la mort de sa camarade et trouvant «normale» son incarcération. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Alice Beaupère, fille d'enseignant, était élève de seconde générale du lycée de la Herdrie-de-Basse-Goulaine, près de Nantes. Des cellules d'aide psychologique avaient dû être mises en place dans les lycées du jeune meurtrier et de sa victime. Les parents de la jeune fille sont conseillés par Me Dominique Raimbourg, du barreau de Nantes.