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«Déficit démocratique dans l'Etat...»
Entretien avec Adel Abderrezak, enseignant à l'université de Khenchela
Publié dans La Tribune le 12 - 12 - 2012

: Bientôt dix ans, depuis la mise en œuvre de la réforme du système éducatif, pourtant contestée par le corps enseignant, les parents d'élèves et autres parties de la société.
Cette réforme est aussi remise en cause aujourd'hui par le nouveau ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed. M. Adel, vous étiez membre de la commission chargée justement de son élaboration. Pourriez-vous nous dire quelles sont les causes de cet échec et quelles sont les possibilités de remédier à la situation ?
M. Adel Abderrezak : La première raison est dans la composante de la commission nationale de réforme du système éducatif. La Cnrse était une commission hétéroclite, faite de personnages passéistes, très à cheval sur les «constantes nationales» et bloqués par des fixations idéologiques, des personnages très incrustés dans le système institutionnel algérien et, plutôt, favorables aux équilibres politico-idéologiques et des compétences scientifiques et administratives, particulièrement favorables à des changements profonds. Du moins, c'était mon sentiment. D'où des débats sans fin, des jeux d'intérêts dans les coulisses et des votes formels. Il n'en reste pas moins qu'il y a eu une véritable tentative de réflexion, une motivation forte à changer les choses et des scénarios prospectifs où se conjuguent propositions ambigües et des mesures de rupture avec le gâchis existant. C'était, je me rappelle, en 1999/2000. Depuis, l'image et la réalité du système éducatif restent négatifs aux yeux des médias, de l'opinion publique, des parents mais, aussi, des acteurs directs comme les enseignants et les élèves, bien que cette réalité ne doit pas être perçue de façon aussi simpliste. Fallait-il une commission d'experts réduite ou lancer un vrai débat démocratique au sein de la société et les acteurs du système éducatif pour ensuite déboucher sur une commission qui produira un scénario plus représentatif des attentes de la société ?
La deuxième raison est la faible écoute des enseignants, de l'Administration et des parents d'élèves par des mécanismes d'écoute, directs comme les enquêtes, les focus-group ou des regroupements décentralisés avec les concernés. Ce qui fait que la réforme sera entamée par le ministère de l'éducation nationale sans que les enseignants des différents paliers ne sachent ce qu'il en est concrètement du contenu . Il n'y avait aucune visibilité chez les concernés. Donc son démarrage est déjà biaisé.La troisième raison est qu'une réforme aussi «systémique» ne peut et ne devait pas être portée et appliquée de façon aussi unilatérale par une Administration sans instances de suivi, de contrôle et expertise indépendantes de cette Administration et rendant compte aux politiques et aux instances de représentation sociales. Le débat aurait été continu, les correctifs consensuellement admis et le regard critique de la société et l'intelligentsia appréciée à sa juste valeur. Qu'en est-il de l'observatoire ou du conseil consultatif de l'éducation prévus par la réforme ? Fondamentalement, avant que l'échec ne soit technocratique ou bureaucratique, il renvoie, d'abord et avant tout, au déficit démocratique dans l'Etat et les institutions publiques mais, aussi, dans les mécanismes de représentation sociale.
Tout est donc raté dans cette réforme ?
Le gâchis est certainement énorme du fait que l'ignorance de la réforme a été le premier facteur son d'applicabilité. Ceci dit, il y a des éléments novateurs dans cette réforme, incompris ou mal perçus comme l'approche par compétences ou les curricula des matières, établis par la Commission nationale des programmes qui méritent d'être mieux connus et expliqués à l'opinion publique et, surtout,
aux concernés. L'espérance est, aussi, dans cette génération de scolarisés qui ne se contente pas du savoir classique mais use d'Internet et des réseaux sociaux pour relever leur intellect transfrontalier et identifier les opportunités du monde d'aujourd'hui.
Ils sont porteurs d'une culture moins scolastique, plus technologique et, peut-être, plus rebelle. Pour moi, c'est positif. Seulement, ceci concerne une partie des scolarisés car la sélectivité sociale est énorme (tout le monde ne peut pas faire des cours de soutien, et tout le monde n'a pas Internet chez lui, et tout le monde ne vit pas dans des conditions sociales favorables à une scolarité acceptable).
Le nouveau ministre peut être une opportunité heureuse pour le secteur s'il sait être à l'écoute, s'il sait faire la part entre les acteurs qui tentent de changer les choses et ceux qui sont rentiers du statu quo et s'il sait s'appuyer sur des compétences fortes, souvent peu visibles, plus critiques et, particulièrement, novatrices.Il faut, néanmoins, revisiter sérieusement cette réforme, ses principales dispositions, faire une lecture comparée avec d'autres pays, faire parler les concernés en utilisant des méthodes multiples et différentes et avoir un point de vue rigoureux d'experts.
Tout cela devrait faire l'objet de débats transparents et, d'abord, rendre public le document de la réforme pour que tout le monde soit au même niveau d'information.Ne, surtout, pas engager une réforme aussi partielle soit-elle sans avoir fait un bilan rigoureux, transparent et critique de celle en cours car l'enjeu est sociétal.
Quelle est votre opinion sur ces cours de soutien, de plus en plus pratiqués par les enseignants et réclamés par les parents ? De même que des écoles privées vers lesquelles s'orientent de nombreux élèves ?
C'est l'image dévalorisée de l'école publique, la détérioration des systèmes d'apprentissage, la démotivation réelle de l'enseignant, la démultiplication programmée des incompétences pédagogiques et de savoirs dans le secteur qui font le désarroi des parents et cette frénésie vers les cours de soutien, expression aussi d'un recul sérieux de la morale et de l'éthique dans le métier et sa mercantilisation. C'est un redressement lucide, réfléchi et concerté de l'école publique qui peut atténuer cette «dérive» dans laquelle on s'est presque tous inscrits en tant que parents d'élèves. Même réflexion pour les établissements privés qui, quelles que soient les bonnes compétences enseignantes qu'ils peuvent capter et motiver financièrement, restent des institutions éducatives très mercantiles, très financiarisées et expression d'une sélectivité sociale pas du tout heureuse ni acceptable dans une société fortement caractérisée par les différences de classes et l'exclusion sociale. K. M.


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