«Un cadeau pour l'humanité, une personnalité dominante pour l'Afrique et le monde entier qui demeurera une des plus grandes figures de l'humanité.» Ces mots du président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, prononcés lors de l'hommage que l'institution a rendu le 12 décembre à Tunis, à Nelson Mandela, reflètent à souhait, la source d'inspiration que chacun des membres du personnel devrait faire sienne désormais dans ses actes quotidiens. Citant feu Mandela, Kaberuka a rappelé que ce dernier avait appelé à «libérer les pauvres de la prison de la pauvreté». Estimant qu'à l'instar de la prison, du racisme et du colonialisme, celle-ci est «une invention de l'homme», donc prenable. Dès lors, la BAD trouve là une motivation supplémentaire dans l'accomplissement de sa mission contre cet état de la condition humaine contre lequel Mandela a lutté jusqu'à son dernier souffle. Ont été évoqués par les différents intervenants d'autres aspects du personnage. Notamment le don de soi, le sacrifice pour les autres, souvent au détriment de sa vie familiale, sans avoir d'aigreur ou d'amertume envers ses adversaires. Et ce, grâce à une bonté sans pareil, une soif de justice, ainsi qu'une écoute des angoisses de ses ennemis, eux-mêmes prisonniers de leur peur. Une humanité transcendantale en quelque sorte. Pour le président de la BAD, les trois points à retenir sont : l'acharnement que tout homme doit avoir dans la défense de ses idéaux et convictions ainsi que de sa liberté qui n'est jamais irréversible ; le pardon, car dans tout combat le vainqueur doit faire preuve de magnanimité, et enfin l'humanité, avec la reconnaissance de la faillibilité pour aller vers la perfection. L'administrateur pour l'Afrique du Sud, Shahid Khan, s'exprimant au nom de la communauté sud-africaine de la BAD a dit sa tristesse, mais aussi sa fierté de commémorer la mémoire de celui que son pays a donné au monde. Un homme dont les vertus sont source de grande force pour plusieurs personnes à travers le monde. Pour sa part, le premier secrétaire chargé des affaires économiques et politiques à l'ambassade d'Afrique du Sud en Tunisie, Graeme Bradley, a émis le souhait que les idéaux de Mandela soient repris par les dirigeants et que les jeunes leaders étudient sa vie. Se référant à l'ouvrage Un long chemin vers la liberté, il en a relevé le passage où Madiba dit : «J'ai toujours su qu'au plus profond du cœur de l'homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s'ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l'amour naît plus naturellement dans le cœur de l'homme que son contraire.» La cérémonie d'hommage a eu une tonalité œcuménique avec la récitation de différentes prières confessionnelles et une note festive avec l'interprétation par la communauté sud-africaine du chant religieux «Amazing Grace» dans la pure tradition gospel. PRNA Témoignages sur Nelson Mandela : MOHAMED H'MIDOUCHE : «J'ai ressenti la nouvelle annonçant la mort du président Nelson Mandela avec une grande tristesse. Sa sagesse, sa clairvoyance, ainsi que son attachement à la bonne gouvernance font de lui une icône planétaire de la trempe des grands monuments de l'histoire tels que Gandhi, Martin Luther King, Mohammed V et NKrumah. Ma tristesse s'explique par le souvenir de ma rencontre avec lui en avril 1992 au siège de l'ANC à Johannesburg. C'était quelques mois après sa sortie de prison et avant qu'il ne soit élu premier président de la nouvelle Afrique du Sud, démocratique et multiraciale. Je me souviens de cet instant historique de ma vie, lorsque j'avais serré chaleureusement sa main. A l'occasion de son décès, je voudrais saluer sa mémoire et lui rendre un vibrant hommage pour son combat politique pour les valeurs universelles de liberté et de fraternité. Au revoir Mandela. Repose en Paix. Le souvenir de notre rencontre et interaction restera gravé à jamais dans ma mémoire.» HAKIM BEN HAMMOUDA : «Le premier message de Madiba aux peuples du printemps aurait été celui de la détermination et l'obstination dans la lutte pour la liberté. Ce message a été reçu par deux générations de combattants arabes. La première est celle qui comme Mandela s'est battu pour l'indépendance et la fin de la colonisation. De Bourguiba à Nasser et Boumediene à Arafat, cette première génération de combattants arabes pour la liberté a fait preuve de ténacité et d'engagement dans son combat contre le joug colonial. Ce combat ferme et déterminé a permis à nos pays d'accéder à leur indépendance et à nos peuples de parvenir à la liberté.» Source : Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)