Une pause de deux semaines pour se détendre, mais aussi pour bien ancrer les cours et les leçons du premier trimestre, afin de préparer le suivant. C'est l'objectif premier des vacances scolaires d'hiver pour la majorité des élèves. Il est aussi question chez les plus studieux parmi eux de peaufiner certaines passions malheureusement exclues des établissements scolaires faute d'une surcharge du volume horaire et, surtout, du peu d'intérêt accordé par les responsables à la culture et aux arts. L'éducation artistique à l'école se limite à une heure de dessin ou de musique qui est souvent assurée par un seul enseignant pour toutes les classes. Les parents soucieux de donner à leurs enfants une telle éducation sont obligés de se tourner vers le mouvement associatif ou certaines institutions publiques qui, avec les moyens de bord, s'efforcent de prendre en charge le maximum d'enfants. Cette prise en charge reste cependant timide et limitée aux grandes villes. Dès lors, le multimédia prend la relève. C'est la seule alternative pour la majorité des enfants en quête d'activités durant cette période. Parmi les institutions les plus actives, les théâtres s'efforcent de monter des pièces pour enfant qu'ils programment durant cette période. Evidemment, les enfants raffolent de ces moments, mais faut-il encore que les parents aient le temps de les emmener voir le spectacle ou soient convaincus de l'utilité éducative, pédagogique et distractive d'une pièce de théâtre. Ça ne décourage pas pour autant les comédiens, les metteurs en scène et les responsables des théâtres qui ont fait de ces programmes pour enfant une tradition qui s'est ancrée dans les planches depuis quelques années que perpétuent toutes les équipes qui se succèdent. De son côté, le ministère de la Culture se fait généreux dans ses dotations budgétaires pour le 4e art. Le Théâtre régional de Constantine (TRC), à titre d'exemple, tente durant la période des vacances scolaires de produire des pièces et d'organiser aussi des activités liées au théâtre. C'est dans cette perspective qu'a été lancée une série d'ateliers, les premiers du genre, suite aux suggestions de l'ex-direction du TRC, visant à renouveler les potentialités du théâtre en vue de booster son activité et améliorer la qualité de sa production. L'institution joue la carte du renouveau dès lors qu'elle a un budget lui permettant d'être indépendante des offices culturels locaux. Avec cette «liberté», elle a les coudées franches pour concocter ses programmes sans devoir passer sous les fourches caudines d'institutions extra théâtrales. C'est ainsi que le TRC a pu élaborer pour ces vacances une grille multirégionale qui comporte une série de spectacles que donneront les sept troupes venant de quelques wilayas de l'Est et de l'Ouest dont Skikda et Sidi Bel Abbès. Toutes ces pièces feront à n'en pas douter le bonheur des enfants en manque flagrant d'espaces de jeux et de loisirs. Les écoliers pourront ainsi meubler leurs vacances en découvrant un art qu'ils ont, peut-être, à peine entrevu avec les saynètes qu'ils ont monté en classe. Dans la salle, avec de véritables comédiens, ils verront un autre monde qui s'adresse à leur imaginaire. Des séances à leur convenance, matin ou après-midi, leurs sont offertes. «Au moins, nos enfants pourront rompre avec les programmes scolaires furtivement pour décompresser après un trimestre bien rempli», dira une mère rencontrée devant le théâtre en compagnie de son petit. «Mais il faut dire que des manifestations spéciales vacances manquent. L'enfant a besoin d'autres ouvertures vers d'autres arts et de supports pédagogiques plus variés pour étoffer ses connaissances», ajoutera-t-elle. L'initiative du théâtre est louable et à saluer, mais elle n'est pas suffisante et ne peut contenter toute la masse juvénile en quête d'activités distractives. Le cinéma, la musique, la peinture, la lecture... demeurent absents du monde de l'enfant. Rares sont les initiatives qui s'inscrivent dans ces créneaux. Déjà, à l'école, l'enseignement artistique cède souvent la petite heure qui lui est concédée aux multiples matières dispensées en masse. Le peu de temps qui lui est consacré ne permet pas à l'enfant d'apprendre grand-chose dans cette matière quasi facultative. Les associations et les institutions culturelles devraient, fut-ce «brièvement», pendant les vacances, s'efforcer de combler cette lacune scolaire. Malheureusement, peu d'acteurs s'intéressent à l'univers de l'enfance. Et la raison, du moins l'une des raisons, en est qu'il n'est pas porteur, payant ! Là, on parle de monnaies sonnantes et trébuchantes, non de valeur éducative... N. H.