Le site web de la Bourse d'Alger www.sgbv.dz a subi, depuis quelques semaines, au moins deux cyber-attaques, orchestrées par des pirates marocains. Ces pirates ont multiplié les attaques contre plusieurs sites web des différentes institutions algériennes depuis quelques mois, indiquent, sommairement, dans le message affiché sur leurs portails web, qu'ils sont «hostiles aux ennemis de notre intégrité territoriale», réclamant surtout la «marocanité du Sahara occidental (sic)». La question qui mérite d'être posée n'est pas celle relative aux objectifs avoués ou inavoués de ces attaques, mais bel et bien celle de la vulnérabilité de nos sites web et si nos institutions publiques stratégiques (Banque centrale, ministère de la Défense, grands groupes économiques...) sont réellement à l'abri? Actuellement à travers le monde, la cybercriminalité est l'affaire de tous, car une simple faille dans un réseau peut être fatale. En Algérie, qui ne peut d'ailleurs être en marge de ce qui se passe actuellement dans le monde, les différents responsables notamment des institutions citées ci-dessus, doivent prendre au sérieux cette problématique. Un fléau nouveau dont l'efficacité ne cesse d'augmenter avec l'évolution technologique. Les spécialistes en la matière soutiennent, bec et ongle, que sans la mise en place d'une approche nationale «globale» afin de prévenir les cyber-attaques et protéger les institutions et organismes publics, l'Algérie pourrait connaître les pires situations touchant même à sa sécurité nationale. Les exemples ne manquent pas, si on voit seulement du côté des pays réputés «experts» en la matière tel que les USA, ceux de l'Europe et surtout...Israël. Il y a quelques mois, Israël a connu, selon les agences de presse, sa pire cyber-attaque dont les dommages se chiffrent en milliards de dollars en plus de la divulgation de l'identité de plusieurs espions. Pour le professeur et consultant en sécurité informatique, M. Abderrazak Derdouri, qui s'est exprimé récemment, la solution la plus efficace, pour le cas de l'Algérie, est justement de développer une approche «généralisée» à l'ensemble des institutions et entreprises économiques des secteurs publics et privés. Aux yeux de cet expert, ces organismes ne doivent pas disposer d'approches individuelles, mais plutôt appliquer l'approche globale initiée par les pouvoirs publics, à même de faire face aux cyber-attaques de manière efficace et efficiente. La même source est allée plus loin en indiquant que l'approche développée actuellement par notre pays est «défensive», en procédant à l'achat des équipements de protection, alors qu'elle (l'approche) doit être «offensive». Car, argue-t-il, elle est nécessaire afin de faire face à toute forme d'attaque. «L'approche offensive consiste en la création de cercles d'experts en la matière, en sensibilisant et en alertant les différents organismes dès l'apparition d'une nouvelle menace ou d'un nouveau virus», selon cet expert. D'autres spécialistes soutiennent que si l'Algérie avait déployé des efforts pour lutter contre le terrorisme en promulguant des lois qui n'existaient pas avant 1990, elle a intérêt à réfléchir et à élaborer des lois dans le cadre de la lutte contre les cyber-attaques pour s'adapter aux évolutions que connaissent les nouvelles technologies, notamment l'Internet. L'autre solution envisageable est de recourir aux produits nationaux et développer des logiciels locaux. L'autre suggestion est de mener des campagnes de sensibilisation de «manière régulière et ponctuelle», dans le but de former et d'informer les utilisateurs de l'informatique et de l'Internet sur les risques que présentent les nouvelles technologies, lesquelles sont aussi utilisées dans le vol des données, le contre espionnage et le piratage des informations stratégiques et la subversion. Enfin certains universitaires notent que si la cybercriminalité et les autres épiphénomènes qu'elle engendre sont difficilement gérables, c'est parce que les gouvernements n'ont pas le monopole du cyberespace et des cyber-armes. S. B.