«Ce n'est pas normal qu'on soit à la 3G et qu'on soit dans les infrastructures routières les plus développées, et que quelqu'un qui se présente avec sa carte bancaire à Tébessa ne peut pas la faire fonctionner ou, à Tamanrasset, ne peut pas payer son hôtel.» C'est en ces termes que s'est exprimé, hier, Abderrahmane Benkhalfa, expert et ancien délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), sur les ondes de la radio chaîne III, dans son émission «l'Invité de la Rédaction». M. Benkhalfa faisait allusion au retard dans le déploiement du paiement par carte bancaire. Car, en dépit du développement infrastructurel et technologique du pays, ce moyen de payement moderne reste très marginal avec seulement 3 000 à 4 000 TPE (terminaux de payement électronique). Selon lui, malgré le fait que les Algériens ont commencé à se familiariser avec la carte interbancaire avec 11 millions de porteurs, cette dernière n'est utilisée, jusque-là, que pour les opérations de retrait. Il fera remarquer le rôle d'Algérie Poste dans la mise à la disposition de la clientèle de ces cartes bancaires. «Algérie Poste a joué un rôle notable» dans ce domaine, a-t-il fait savoir. Toujours selon cet expert, la crainte des commerçants du contrôle fiscal et la domination du «cash» dans le secteur informel, empêchent le développement du payement électronique en Algérie. M. Benkhalfa a indiqué que le développement de ce système de payement est tributaire de «la poursuite de la réforme bancaire et nécessite une politique volontariste des responsables». Il fera dans ce sens une série de recommandations qui vont d'abord dans le sens de «l'installation d'une autorité de coordination». M. Benkhalfa dira que «la monétique de paiement devrait être coordonnée. D'ailleurs cette monétique n'aurait pu décoller s'il n'y avait pas une autorité gouvernementale chargée de la réforme bancaire et financière». Et de regretter que «cette autorité ait disparu alors que c'est elle qui a créé de la synergie entre l'autorité de régulation, la Banque centrale et les banques et les utilisateurs et même le patronat». L'invité de la Chaîne III a donc plaidé pour remettre à la surface une autorité de coordination. Il appellera aussi à l'achèvement de l'architecture institutionnelle et technologique de la monétique, à engager une campagne de sensibilisation envers les commerçants pour les rassurer sur le secret bancaire qui sépare les banques et les impôts, et enfin à l'implication des banques dans la vulgarisation et le développement de ce mode de payement. L'invité de la radio Chaîne III n'a pas manqué de lancer une plaidoirie pour une réconciliation fiscale et pour l'assouplissement des mesures anti-blanchiment d'argent quand il s'agit de rapatriement de capitaux. «Il faut aller vers une réconciliation avec le secteur informel. Moi, je plaide en faveur d'une flexibilisation des règles anti-blanchiment d'argent à l'entrée des capitaux. C'est à la sortie qu'il faut mettre des barrières anti-blanchiment», dira-t-il. B. A.