Manipuler encore des sommes colossales en espèces est nuisible pour le système économique qui reste vulnérable et non sécurisé. D'où inflation et transactions douteuses, entre autres. Un économiste préconise quatre actions «urgentes» afin d'accélérer le processus de généralisation du payement électronique. En ce XXIe siècle, avec toutes les évolutions technologiques actuelles, nous continuons à manipuler du cash, parfois même, des sommes colossales. Est-ce normal ? «Du tout. D'autant que notre pays a connu des évolutions appréciables en matière d'infrastructures, de développement des entreprises et aussi s'agissant des ressources humaines», a déploré ce mercredi matin, Abderrahmane Benkhelfa, expert financier, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF). Selon l'invité de la chaîne III de la Radio nationale, c'est un décalage réel dans le système de payement. «Le décalage n'est pas uniquement au niveau des transactions. Sur le système économique, cela pourrait bien être à l'origine de l'inflation et de transactions douteuses. Autrement dit, de ce point de vue, ce même système économique reste vulnérable et non sécurisé», a expliqué l'expert. Le système chèque et virements, a-t-il ajouté, fonctionne bien puisque ce sont des milliards qui sont traités mensuellement. Pour étayer ses propos, le délégué général de l'ABEF, s'agissant du système électronique des retraits, a assuré qu'il a été enregistré une bonne percée entre 2005 et 2010. En chiffres, il a révélé que près de 11 millions clients des différents établissements bancaires et financiers sont détenteurs de cartes électroniques dont 9 millions sont porteurs de cartes de payement d'Algérie-Poste. Cependant, a regretté Abderrahmane Benkhelfa, on s'est arrêté juste au système retrait, or la carte, initialement, n'est pas destinée uniquement aux retraits. Le constat est sans appel. L'Algérie accuse un grand retard en terme de généralisation de la carte électronique de payement. Des solutions s'imposent. Abderrahmane Benkhelfa a préconisé dans ce contexte quatre actions «urgentes». En premier lieu, il faudra, selon lui, réactiver l'autorité de coordination qui avait auparavant pour mission la création d'une synergie entre l'autorité de régulation, de la Banque centrale, les banques et la clientèle y compris le patronat. «La monétique de payement devrait être coordonnée. Si la monétique n'a pu décoller c'est parce qu'il n'existe pas une autorité gouvernementale chargée de la réforme bancaire et financière», a-t-il fait remarquer. Toujours dans le sillage des «solutions proposées», l'invité de la Radio nationale a estimé nécessaire de remédier au problème constaté dans l'achèvement de l'architecture institutionnelle de la monétique et technologique mis déjà en place en collaboration avec Algérie Télécom. En troisième lieu, Abderrahmane Benkhelfa a insisté sur l'instauration d'une action de communication avec les commerçants afin de les assurer et les sécuriser, et surtout leur faire comprendre que cette crainte du fisc n'est pas un phénomène spécifique à l'Algérie. «Faisons en sorte de proposer à la clientèle des cartes électroniques au lieu des chéquiers», a-t-il dit. Enfin, le délégué général de l'ABEF a jugé utile la création d'une société qui aura à sa charge la maintenance des 4 000 distributeurs automatiques existants. «Cette société devrait veiller à ce que le distributeur automatique soit opérationnel 24h/24», a-t-il conclu.