Merzak Meneceur Après avoir repris en juin 2013 l'entreprise de portes et fenêtres en PVC, Oxxo installée à Cluny, pour 12 millions d'euros, Cevital est en voie d'acquérir du relativement plus lourd dans l'industrie française. C'est le fabricant d'électroménager Fagor-Brandt, en redressement judiciaire depuis novembre dernier, qui devrait venir étoffer les acquisitions du conglomérat industriel algérien avec un rachat évalué à une centaine de millions d'euros qui serait puisée sur ses fonds propres sans recourir à la Banque d'Algérie. En effet, sur les quatre repreneurs potentiels révélés, mercredi dernier, par le Comité d'entreprise de Fagor-Brandt, c'est l'offre de Cevital de Issad Rebrab qui a toutes les chances de sauver de la liquidation judiciaire l'un des plus anciens fleurons de l'industrie française. Cette offre est jugée la mieux-disante socialement et industriellement en maintenant 1 200 salariés sur les 1 800 actuels et en reprenant quatre des six sites du groupe : les usines d'Orléans et de Vendôme, le siège social situé à Rueil-Malmaison et les services après-vente réunis à Cergy-Pontoise. Son concurrent direct, le Fonds d'investissement américain Sun Capital, a fait une offre bien inférieure avec la sauvegarde de seulement de 700 à 1 000 emplois et la reprise de l'usine d'Orléans seulement, le siège et les services après-vente. Les deux autres offres ne proposent que des reprises partielles portant sur les deux usines basées à Nevers et à La Roche-sur-Yon, non retenues par Cevital. Le sort définitif de Fagor-Brandt avec certainement son rachat par Cevital devrait être scellé lors de la prochaine audience du tribunal de commerce, fixée au 13 février. D'ici-là, l'administratrice judiciaire et le gouvernement français, qui a permis au fabricant d'électroménager de survivre à la suite de sa faillite grâce à des aides financières, tenteront de tirer vers le haut les propositions de reprise. C'est le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a déclaré que «l'offre actuellement la mieux-disante socialement et industriellement, portée par Cevital (...) devrait pouvoir être améliorée d'ici à l'audience du tribunal de commerce prévue le 13 février». Avec la probable acquisition de Fagor-Brandt, le groupe de Issad Rebrab affiche des ambitions et une vision qui se dégagent du communiqué publié par la direction du groupe d'électroménager. Sans nommer l'entreprise algérienne, alors qu'il s'agit d'elle, le texte indique que le projet le «plus large vise à construire un acteur régional de l'électroménager (Europe/Afrique du Nord/Moyen-Orient), en combinant le savoir-faire et l'expertise de Fagor-Brandt à celui de sa filiale électroménager existante». Cevital ambitionne également de reprendre «les filiales de Fagor-Brandt au Royaume-Uni, en Suisse et à Singapour, ainsi que des actifs de Fagor à l'étranger». Ces «actifs à l'étrangers» ne sont pas précisés. Il s'agit sans doute de ceux qui pourraient poser un grand problème à l'acquéreur : les marques. En effet celles que fabrique l'entreprise en voie de sauvetage, Brandt, Sauter, Vedette et De Dietrich, sont détenues par la maison mère, l'espagnole Fagor, via sa filiale irlandaise. Sans les marques, 14% du marché français, que pourrait faire Cevital avec ses usines ? Le gouvernement français se serait engagé à aider à trouver une solution à ce problème pour le moins épineux. Selon Le Monde «M. Montebourg a promis de se rapprocher dans les prochains jours de son homologue espagnol et du chef du gouvernement basque pour éviter toute forme de vol ou prédation des marques». Affaire à suivre. M. M.