Lors de la tripartite du 23 février dernier, le FNI (Fonds National d'investissement), spécialisé auparavant dans le financement du secteur public, a été autorisé à financer les entreprises privées. La mesure est l'une des principales recommandations ayant sanctionné les travaux de la tripartite d'octobre 2013. Un groupe de travail a été ainsi chargé de proposer les modalités de contribution du Fonds au financement de l'investissement national public et privé. Certains patrons privés qui ont bien accueilli cette décision n'ont toutefois pas caché leur scepticisme quant à l'efficacité des mécanismes de sa mise en œuvre. C'est le cas de Boualem Merrakech, président de la CAP (Confédération algérienne du patronat), lequel estime que la décision annoncée lors de la dernière tripartite est «une très bonne chose puisque dans tous les pays du monde les entreprises privées sont accompagnées par un fonds de garantie». Le FNI pouvait être une réponse aux attentes des entreprises privées en matière de financement, selon M. Merrakech qui regrette toutefois l'absence des mécanismes de mise en œuvre réelle et rapide de cette décision. Pour le président de la Confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens (Cgeoa) Habib Yousfi «l'analyse du risque chez le Fonds national d'investissement est la même pratiquée par les banques». Selon lui, «il y a toujours cette suspicion à l'égard du demandeur du financement à qui on exige le risque zéro». Le problème, pour ce patron, est un problème de compétence. «Le FNI manque de compétence en matière d'analyse du risque, seule une décision politique pourrait alors ordonner à ce genre d'institution de financer les entreprises privées pourvu qu'elles soient créatrices d'emplois et de richesse», souhaite-t-il. Contacté par l'APS pour avoir de plus amples explications sur le fonctionnement du Fonds et sur les moyens d'application de la nouvelle décision, le directeur général du FNI, Ahcène Haddad, n'a pas jugé utile de répondre, préférant «se limiter aux propos du Premier ministre lors de la tripartite». «Le FNI aura, dans le cadre de la nouvelle stratégie qui lui a été assignée, le rôle de booster l'investissement public et privé avec des facilitations maximales», déclarait le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Certains patrons plus optimistes: Le président de la Confédération générale du patronat algérien du Btph (CGP-Btph), qui regroupe désormais plusieurs organisations patronales du secteur, Abdelmadjid Dennouni, était, par contre, plus optimiste quant à l'efficacité de la nouvelle mission du FNI. Il estime que c'est une démarche «très intéressante» pour les entreprises auxquelles le FNI n'apportera pas uniquement de l'argent, mais surtout de «l'accompagnement et du suivi», a-t-il souligné dans une déclaration à l'APS. Rappelant le traitement «discriminatoire» du passé, où les financements publics étaient exclusivement orientés vers le secteur étatique, M. Dennouni s'attend à ce que l'élargissement des financements du Fonds au secteur privé incite ce dernier à aller vers le partenariat avec le secteur public.Un avis partagé par Abderezzak Trabelsi, délégué général de l'Abef(Association des banques et établissements financiers), pour qui la mission du FNI est «complémentaire» à celle des banques et non pas concurrentielle. Et d'ajouter que le FNI, qui a un droit de regard sur l'entreprise financée, apportera un plus en matière de gouvernance, ce qui va, en fin de compte, aider l'entreprise à accéder facilement aux crédits bancaires dans le futur. M. Trabelsi pense que les entreprises, publiques ou privées, ne peuvent pas compter exclusivement sur les banques qui leur exigent avant tout un seuil minimal en fonds propres pour l'octroi de crédits. B. A./APS