Que prévoient les différents programmes électoraux des candidats à la présidentielle dans leur volet économique ? À première vue, les questions économiques sont reléguées au second degré. Les prétendants à la magistrature suprême semblent se concentrer beaucoup plus sur la situation sociale et politique du pays. Certes, il s'agit des questions indissociables les unes des autres, mais, pour les observateurs, la chose économique, un axe crucial, reste pour le moment vaguement abordée du moins par certains candidats qui ont jugé que la priorité devrait être accordée au «redressement des institutions de l'Etat». La situation de l'économie algérienne est connue. Hormis l'apport des énergies fossiles, les recettes du pays restent marginales dans les secteurs hors hydrocarbures. Les capacités du système productif national sont encore à un niveau limité en dépit des efforts consentis ces dernières années dans certains créneaux industriels. Les importations sont financées par les recettes du pétrole. Le schéma, dans son ensemble, est donc connu. Les candidats ont certainement tenté d'élaborer des stratégies de relance et des plans d'urgence sur la base de la situation actuelle. Toutefois, durant cette première semaine de campagne électorale, qui a connu d'ailleurs un démarrage timide, voire terne pour différentes raisons, les promesses à effet d'annonces et autres mesures électoralistes ont dominé les discours des candidats. Le président candidat, Abdelaziz Bouteflika, qui prône la continuité, a préféré aborder dans son programme les secteurs les plus sensibles tels que l'énergie, l'industrie, l'agriculture etc. Il promet, en fait, un plan quinquennal 2014-2019 pour concrétiser les objectifs visés et axé sur une forte croissance. Le texte précise que «ce plan capitalisera les enseignements tirés des précédents programmes et s'appuiera sur une stratégie globale et multidimensionnelle cohérente qui fera l'objet d'une large concertation avec les parties prenantes». Des mécanismes périodiques d'évaluation seront institués. «Une politique vigoureuse de réindustrialisation du pays sera engagée», est-il noté dans le texte. Globalement, l'objectif macroéconomique fixé par le Président candidat est d'atteindre une croissance économique de 7%. Le même chiffre revient dans le programme du candidat indépendant Ali Benflis, qui fixe une échéance pour atteindre un tel niveau de croissance, à savoir 2017. Il semblerait ainsi qu'au vu de l'état actuel des choses, l'économie algérienne soit incapable de réaliser une croissance à deux chiffres. Pourtant, pour les économistes, c'est réalisable et le pays dispose du potentiel requis. Le candidat Benflis, dans son programme détaillé, promet entre autres de porter la part de l'industrie dans le PIB à 15% à l'horizon 2019, atteindre 5 milliards de dollars d'exportations en 2019, et doubler, d'ici 2019, le taux annuel de création d'entreprises. Sur le plan macro, Benflis s'est montré offensif en annonçant carrément un changement de cap avec une ouverture plus prononcée de l'économie, avec à la clé la suppression de la règle 51/49% et la révision de la politique de change et de transfert des dividendes. Contrairement à cette politique économique qui s'apparente à une libéralisation pure et simple, la candidate du PT, Louisa Hanoune, dont l'orientation économique est déjà connue, surprend. Elle promet de suspendre les accords internationaux défavorables à l'économie algérienne. Hanoune qui défend le caractère social de l'économie algérienne, s'est engagée aussi à renforcer le rôle de l'Etat dans les affaires économiques. Les trois autres candidats, Abdelaziz Belaïd, Ali Fawzi Rebaïne et Moussa Touati ont tenté de leur côté d'apporter du sang neuf au débat actuel, mais sans idées nouvelles, préférant plutôt les annonces superficielles. Abdelaziz Belaïd promet de faire de l'Algérie le Japon de l'Afrique, mais ne donne pas «sa recette miracle». Moussa Touati s'est dit pour «un changement radical» à tous les niveaux, mais sans apporter d'éléments sur sa nouvelle orientation. Idem pour Ali Fawzi Rebaïne qui propose des réformes économiques et une ouverture des différents secteurs d'activité économique à la concurrence internationale. Les prétendants à la magistrature suprême ont, certes, tenté d'apporter de l'eau au moulin avec différentes propositions, mais il apparait que la question cruciale est occultée lors de cette campagne. L'économie algérienne traverse une zone de turbulences et reste vulnérable face à un marché énergétique volatil. La transition économique s'éternise encore. Les questions de fond et les problèmes structurels planent toujours. C'est pourquoi il est urgent aujourd'hui de faire sortir le pays de cette transition et lancer des réformes capables de donner naissance à une économie saine,productive et compétitive. Une telle tâche nécessiterait des moyens, de la rigueur et une stratégie claire. Mais il faudrait d'abord s'attaquer aux multiples maux qui empoisonnent cette économie. S. B.