Avec un nombre grandissant de cybermenaces, touchant notamment aux domaines des informations sensibles et données personnelles, le monde de l'entreprise figure parmi les cibles privilégiées. Lors de la rencontre tenue hier à Alger par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) sous le thème de «Cyber-sécurité juridique des entreprises», Mme Hind Benmiloud, avocate spécialisée dans le droit des affaires, des télécommunications, des technologies et de l'information, a avancé des chiffres assez alarmants concernant l'ampleur du phénomène de la cybermenace qui est désormais classé au rang des principaux risques. Aujourd'hui, souligne-t-elle, pas moins de 30 millions de logiciels malveillants sévissent dans le monde, dont 70 000 nouveaux sortent tous les mois. En se référant au rapport publié en mars dernier par FireEye, une entreprise spécialisée dans la lutte contre les cyber-attaques de nouvelle génération, Mme Benmiloud a fait également savoir, qu'en 2013, il s'est produit une attaque informatique toutes les 1,5 secondes contre les entreprises, soit deux fois plus qu'en 2012. Le taux du nombre d'entreprises subissant au moins une cyber-attaque, en 2013, est «inquiétant». Il représente, selon cette avocate «91%». Toutefois, l'Algérie qui n'est guère à l'abri de ces risques, comme d'ailleurs tous les pays du monde, ne dispose malheureusement pas de données sur les cyber-attaques, et ce, en dépit de l'existence de quelques structures spécialisées en cybercriminalité. Mme Benmiloud, cite comme structures spécialisées, l'OCI-Cert (Computer emergency response team), le centre de veille et d'actions contre tout type de cybercriminalité, dont le rôle est technique, et l'Office de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et des télécommunications, lequel «n'existe pas physiquement», précise-t-elle en soulignant, malgré cela, la nécessité de développer une culture de cyber-sécurité, au sein de nos entreprises, notamment les petites et moyennes (PME /PMI) lesquelles devraient également développer une certaine «cyber-attitude». Allant plus loin, Mme Benmiloud estime que la notion de protection du patrimoine informationnel ou numérique devient «une priorité» pour les directions générales des entreprises, pour se prémunir contre ce phénomène en expansion rapide. Le développement d'une véritable stratégie de sécurité de l'entreprise en impliquant tous les personnels, quel que soit leur rang et leur place dans l'entreprise, l'élaboration de chartes informatiques qui précisent de manière contractuelle les conditions d'utilisation des TIC par le personnel et la mise en place d'une procédure de management des risques à tous les niveaux, au sein de l'entreprise, telles sont les recommandations formulées, hier, par Mme Benmiloud qui ne manque toutefois pas de signaler : «La veille juridique devient obligatoire à l'heure de la mondialisation et la concurrence féroce entre acteurs économiques.» Les entreprises algériennes ont-elles pris conscience de ces risques numériques, en croissance continue ? B. A.