Une vaste opération de lutte antiterroriste est menée depuis lundi dernier par les éléments de l'Armée nationale populaire (ANP) à Tamanrasset, près de la frontière malienne. Elle a déjà permis l'élimination de dix terroristes et la récupération d'un important lot d'armes. Selon un communiqué rendu public, hier, par le ministère de la Défense «un détachement de l'armée de la 6e Région militaire, suite à un accrochage, a mis hors d'état de nuire, vers 17h20, un groupe terroriste de dix criminels au niveau de la zone frontalière dite Taoundert, à 80 km à l'ouest de Tin-Zaouatine», à 500 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset. Le communiqué précise que «l'opération a permis la récupération de 12 Kalachnikov, roquettes et lance-roquettes RPG-7, grenades, caisses de munitions pour FM et mitrailleuse, mines antichars, téléphones portables, GPS, PC portables et véhicules tous-terrains». Les militaires ont réussi également à récupérer une autre quantité d'armes et de munitions (roquettes, fusées pour roquettes... etc.) après la découverte d'une casemate au niveau de la zone du col d'Anaï relevant du Secteur opérationnel de Djanet. C'est grâce à l'exploitation efficace des informations recueillies sur des mouvements suspects de groupes terroristes dans la région que l'ANP a réussi à frapper en plein cœur Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La frappe de l'ANP qui se poursuit toujours est d'une importance capitale. Car les terroristes éliminés à Tin-Zaouatine évoluaient dans la région tampon entre l'Algérie et le Mali et sont peut-être en contact avec le groupe qui a enlevé, le 5 avril 2013, le consul d'Algérie et six de ses collègues à Gao. Même si cet enlèvement a été revendiqué par le Mujao (le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest, issu d'Al-Qaïda), le lien et l'interaction entre les groupes terroristes qui écument toute la région sahélo-saharienne sont établis aujourd'hui. Ces groupes, faut-il le rappeler, se sont renforcés à la faveur de l'instabilité qu'ont connue certains pays voisins de l'Algérie dont la Tunisie, le Mali et la Libye. La crise libyenne a été des plus néfastes car elle a permis la mise en circulation de très grandes quantités d'armes, dont une importante partie a été découverte sous le sable algérien. Selon des sources sécuritaires algériennes, le chaos provoqué par la chute du régime libyen a aidé des groupes armés liés au réseau Al-Qaïda à acquérir plus de trois mille missiles sol-air et plus d'un million de tonnes d'armes, munitions et autres pièces d'armes. D'ailleurs, le 22 avril dernier, les services de sécurité ont arrêté un groupe composé de 11 terroristes de nationalités algérienne, malienne, libyenne et mauritanienne, près des frontières libyennes. Les individus arrêtés seraient impliqués dans un plan terroriste visant des installations pétrolières dans le pays. Au cours de cette semaine, les éléments de l'ANP ont arrêté dans la région de Tindouf cinq terroristes et ont saisi un important lot d'armes, dont des missiles anti-aériens. Ce lot d'armes provient de la Libye via le Mali et devait être acheminé vers les maquis du centre du pays où sont terrés les résidus d'Aqmi, selon des sources sécuritaires, citées par les médias. Face au risque terroriste grandissant, les autorités algériennes ont élevé le seuil de la vigilance à son plus haut niveau afin de parer à toute tentative d'infiltration des frontières et ont appelé leurs homologues tunisiens, libyens et maliens à renforcer leurs contrôles. En dépit de la grande mobilisation des services de sécurité et de l'ANP et des appels aux pays voisins pour le renforcement de la sécurité, la situation aux frontières avec la Tunisie, la Libye et le Mali reste très préoccupante. La sécurité de l'Algérie sur le plan interne est étroitement liée à la sécurisation des frontières. Et cette dernière n'est pas une tâche facile vu que le pays est aujourd'hui entouré de voisins instables. H. Y.