La situation dans la bande sahélo-saharienne reste «préoccupante» et marquée par la «persistance» des menaces du terrorisme et du crime transnational organisé, en dépit de l'«amélioration» du climat politique dans ces pays, a affirmé jeudi à Lisbonne, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors de la 11e Conférence des ministres des Affaires étrangères du Dialogue 5+5. En soulignant, à cette occasion, la nécessité de prendre en compte le tarissement de ses ressources de financement, dans la lutte antiterroriste, M. Lamamra a noté que, l'«efficacité» des démarches et des mesures prises au plan international ont conduit les groupes terroristes à se rabattre sur d'autres moyens de financement de leurs activités comme les enlèvements contre paiement de rançons pour la libération d'otages, «pratiques dont on mesure aisément les conséquences sur la stabilité et le développement de la région». C'est en fait une préoccupation qui est partagée par les autres pays membres du 5+5, dont les ministres des Affaires étrangères, ont réaffirmé leur soutien à l'établissement d'une stratégie régionale en vue de stabiliser et développer le Sahel. Les ministres représentants de cinq pays de la rive sud de la Méditerranée et cinq de la rive nord, soutiennent en effet, l'adoption d'une approche globale pour la région du Sahel associant les pays du Maghreb, de l'Union européenne (UE) et ceux du Sahel pour faire face aux défis communs, soulignant l'importance du Dialogue 5+5 dans ce cadre. La stratégie s'appuie ainsi sur les principes d'appropriation de la sécurité régionale de la part des acteurs concernés ainsi que dans leur responsabilité individuelle et collective dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. S'agissant plus particulièrement du Mali, ils ont exprimé leur inquiétude suite à la dégradation récente de la situation dans ce pays, rappelant l'importance de la poursuite du dialogue national inclusif et la réconciliation, en respectant l'intégrité territoriale du Mali. Les chefs de la diplomatie ont en outre, salué la tenue à Alger le 22 avril dernier du Comité de haut niveau de concertation sur le Sahel et le Mali, et se sont félicités de la mise en place d'un mécanisme bilatéral algéro-malien d'appui à la consolidation de la situation au Mali. À cette réunion, Ramtane Lamamra, a rappelé l'approche globale algérienne relative à la stabilité en Méditerranée occidentale fondée sur le triptyque : sécurité, développement et gestion humaine. Il a relevé le contexte méditerranéen marqué dans sa partie orientale par la menace sur la stabilité et la sécurité internationale à cause de la «persistance du blocage» du processus de paix au Moyen-Orient «accentué» par la crise syrienne et l'avènement de la crise au Sahel. Le ministre algérien, a, en outre, plaidé en faveur d'une approche concertée et de la primauté du dialogue et du droit sur le recours à la force pour le règlement des problèmes des flux migratoires et de «multiplication» des discours xénophobes, islamophobes et racistes à l'encontre des membres des communautés étrangères notamment maghrébines légalement établis en Europe. Concernant le phénomène migratoire, il a fait part de l'«indignation» de l'Algérie suite aux tragédies humaines survenues ces derniers mois et qui continuent de se produire dans le Sahara et en mer Méditerranée. «La réponse urgente et appropriée aux flux de migrants, dont l'Algérie accueille, à l'instar d'autres pays, une bonne partie sur son sol, est d'œuvrer ensemble en vue de renforcer les capacités des pays dont sont originaires ces migrants», a-t-il dit. Il s'agit aussi de créer les conditions socioéconomiques de développement a-t-il dit, en plaidant pour une réduction des écarts de développement entre le Nord et le Sud. L'approche de l'Algérie s'imbrique, sur celle du groupe des 5+5, qui ont lancé un appel «pressant» pour «l'adoption de mesures appropriées» dans le cadre d'une approche «globale et intégrée» par toutes les parties concernées en particulier par l'UE. A. R./agences