La situation sécuritaire au Sahel est alarmante. L'Armée nationale populaire (ANP), qui a déjoué ces derniers mois plusieurs attaques d'envergure aux frontières algériennes, tire la sonnette d'alarme. Les groupes terroristes, lourdement armés à partir des arsenaux militaires de la défunte Jamahiriya, infestent quasiment l'ensemble de la sous-région. L'écrasement du régime de Mouammar Kadhafi, sous les raids aériens de l'Otan, a été une bénédiction pour les groupes extrémistes se réclamant d'Al-Qaïda. L'Alliance atlantique porte une grande responsabilité dans cette escalade qui menace, désormais, la stabilité de plusieurs pays. Dans des conditions défavorables et avec des moyens souvent disproportionnés, la Libye, la Tunisie, le Mali, le Niger et la Mauritanie font aujourd'hui face à cette déferlante terroriste. Contrairement aux apparences, l'intervention française au Mali n'a pas tellement changé la donne. Des pays comme le Nigeria ou le Cameroun en subissent aussi les conséquences. Il y a quelques jours, un détachement des forces combinées de l'ANP a neutralisé un dangereux groupe, composé de 10 terroristes à Tin-Zaoutine (Tamanrasset). Un coup de filet qui s'est soldé par la récupération d'un important lot d'armes comprenant 12 fusils automatiques de type Kalachnikov, un lance-roquettes RPG-7, un fusil de chasse, un système lance-grenades GP58, onze roquettes pour RPG7, 13 grenades, trois caisses garnies de munitions pour FM, une caisse garnie de munitions pour mitrailleuse 12,7 mm, quatre mines antichars, vingt chargeurs garnis de munitions pour Kalachnikov, auxquels s'ajoutent des moyens de liaisons sophistiqués et des véhicules tout-terrain. Presque au même temps, dans la wilaya d'Illizi, l'ANP a aussi mis la main sur une autre cache d'armes contenant un canon de confection artisanale destiné au lancement de roquettes de type C5KO (spécifiques aux hélicoptères), 87 roquettes C5KO et 75 fusées pour ces roquettes, qui étaient enfouies sous le sable. À Tindouf, l'élimination de deux terroristes et la capture de cinq autres a permis la récupération de 17 AK 47, trois mitrailleuses, 12 RPG et cinq missiles. En moins de 15 jours d'intervalle, l'armée algérienne a ainsi récupéré un arsenal digne d'une armée régulière. «Le contexte actuel est très compliqué. La situation impose une vigilance permanente et un déploiement rigoureux», avertit le général Boualem Madi, le directeur de la communication de l'état-major au ministère de la Défense nationale. Les efforts des Etats de la région dans cette lutte sans merci contre le terrorisme transnational doivent être soutenus par les puissances de l'Otan qui sont pour beaucoup dans cette dramatique recrudescence. Le partage instantané du renseignement, l'équipement et la formation des armées sont des dossiers décisifs dans ce combat éprouvant. Le Mouvement des non-alignés (MNA), en conférence à Alger, met justement le doigt sur cet impératif, et plaide pour la mise en œuvre d'une stratégie onusienne de lutte anti-terroriste. Les réseaux extrémistes, qui envahissent présentement le Sahel, sont concrètement les seuls «bénéficiaires» de l'intervention de l'Otan en Libye. On doit le dire clairement, les grandes puissances qui ont ouvert les stocks de l'armement libyen aux djihadistes, doivent aujourd'hui «casquer» aux côtés de ceux qui en subissent les contrecoups au Soudan, en Centrafrique ou au Nigeria. Les Etats-Unis, l'Angleterre et la France, principalement, ne peuvent moralement se soustraire à leur responsabilité dans ce drame. K. A.