Quatre policiers tunisiens ont été tués mardi soir, dans une attaque qui a visé le domicile du ministre de l'Intérieur. L'attentat, attribué par les autorités à des terroristes islamistes, provoque une vive inquiétude tant par sa nature que par le lieu de son exécution. Cette attaque intervient alors que le climat semblait s'être apaisé après une année 2013 marquée par deux assassinats politiques et des violences ayant fait une vingtaine de morts parmi les forces de l'ordre. L'assaut, mené peu avant minuit par une dizaine d'assaillants, a visé le domicile du ministre Lotfi Ben Jeddou à Kasserine, dans le centre-ouest du pays. La ville de Kasserine est située au pied du Mont Chaambi près de la frontière avec l'Algérie. Là où l'armée pourchasse depuis décembre 2012 un groupe en lien avec Al-Qaïda. Mais malgré des bombardements aériens réguliers et des opérations au sol, la situation demeure toujours dangereuse. La journée du mercredi a été décrétée deuil national par les autorités tunisiennes. Le pays découvre avec inquiétude un type d'attentat nouveau, symptomatique d'une situation sécuritaire pas tout à fait assainie. Le groupe terroriste s'est infiltré depuis le Mont Salloum. Un endroit pourtant déclaré zone militaire en avril dans le cadre du plan de resserrement de l'étau autour des groupes extrémistes. Selon les autorités tunisiennes les quatre policiers, qui se trouvaient dans une pièce attenante à la maison du ministre, n'ont pas eu le temps de répliquer sous l'effet de la surprise et ont été tués par des tirs nourris. «Ces éléments terroristes veulent envoyer un message» aux forces de l'ordre mais «nous continuerons la guerre contre le terrorisme», a assuré le ministère de l'Intérieur. L'attaque a soulevé des interrogations à rallonge en Tunisie, où l'on se demande comment les assaillants ont pu parvenir jusqu'à la maison du ministre sans être inquiétés. D'autant plus que le domicile du ministre se trouve près d'un secteur de la Garde nationale (gendarmerie). La Tunisie traverse une transition plus où moins mouvementée où souvent des pics de tension apparaissent. Après la révolution de 2011 qui a balayé le régime Ben Ali, le pays est entré dans une crise politique profonde nourrie par la méfiance entre différents acteurs politiques. Mais la Tunisie reste pratiquement le seul exemple d'évolution politique positif parmi les pays ayant connu des bouleversements dans le sillage des «printemps arabe». Depuis l'adoption d'une nouvelle Constitution fin janvier, le pays vit une relative accalmie sur fond d'une expérience politique particulièrement intéressante dans le monde arabe. Début mars, l'état d'urgence a été levé avec quatre mois d'avance. Les autorités tunisiennes font état d'une amélioration de la situation sécuritaire ces derniers mois tout en avertissant que la lutte antiterroriste est loin d'être terminée. M. B./Agences