Critiqué pour son manque de précision et de cohérence par l'opposition, et encensé par les partis du système, le plan d'action du gouvernement pour le prochain quinquennat a été adopté jeudi par l'APN. Moment de vérité : le vote a divisé la chambre basse du Parlement entre ceux qui se sont abstenus, notamment PT et FFS, ceux qui ont voté contre, à savoir l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), alors que le même projet a été largement plébiscité par le FLN et le RND. Intervenant jeudi, à l'issue de quatre jours de débats, les chefs des groupes parlementaires représentés au sein de la chambre basse du Parlement, ont résumé les positions de leurs partis respectifs à l'égard du plan d'action présenté par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Ainsi, pour le Parti des travailleurs, ce plan, qui, bien que comportant des points positifs, comme le logement et la politique de défense nationale, reste en deçà des attentes et n'a pas répondu aux attentes du parti en la matière. D'où son abstention. Le chef du groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, lors de son discours, dit avoir pris acte de la position de l'Etat telle qu'exprimée par le ministre de l'Industrie et des Mines de «ne pas revenir sur la règle 51/49%», en appelant le gouvernement à maintenir cette règle pour que l'Etat puisse récupérer les entreprises stratégiques qui sont privatisées à l'instar d'ArcelorMittal. En relevant un contexte interne et externe «délicat» qui caractérise la présentation du plan d'action du gouvernement, il a appelé le gouvernement à œuvrer pour la prise en charge des revendications des citoyens, afin d'éviter que le mécontentement social ne soit l'objet de «chantage externe». M. Djoudi a insisté, encore, sur «l'impérative» résolution des problèmes que connaît la wilaya de Ghardaïa, estimant que l'unique solution sécuritaire «ne saurait être suffisante». Le plan d'action du gouvernement contient des «généralités», sans aller dans le détail pour son financement, a estimé, pour sa part, le chef du groupe parlementaire du Front des forces socialistes (FFS), Chafâa Bouaiche. Ce dernier, tout en insistant sur «l'orientation majeure» de son parti consistant à instituer un Etat «démocratique et fort» à travers le «changement pacifique», a considéré que la paix civile doit être «l'aboutissement d'un consensus populaire». Il a argué qu'«il ne pourrait y avoir de réconciliation nationale sans la consécration des libertés individuelles et collectives et une ouverture du champ politique et médiatique». Le parlementaire a jugé également «incohérentes» les politiques de la santé et de l'éducation menées par l'actuel gouvernement. Le président du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), Youcef Khebaba, a, de son côté résumé la position de sa formation de voter contre ce plan, en soulignant dans sa critique que le plan de financement du plan d'action du gouvernement dépend des hydrocarbures et surtout de l'exploitation du gaz de schiste. Il a déploré notamment le fait que le plan d'action gouvernemental soit «dépourvu, dans son ensemble, d'indicateurs précis quant aux échéances et aux montants». La crise que connaît l'Algérie est «éminemment politique» et elle est caractérisée par l'absence de «confiance» entre le gouvernement et le citoyen, a estimé l'intervenant qui a appelé à la concrétisation des promesses liées à la liberté d'expression, la lutte contre la bureaucratie et la corruption. Saluant les grandes lignes du plan d'action du gouvernement, le parti du Front de libération nationale (FLN) a estimé que ce plan d'action est ambitieux et souligne l'engagement du Premier ministre à mobiliser son staff pour mettre en œuvre son programme. Le président de son groupe parlementaire, Tahar Khaoua, a souhaité la poursuite des réformes engagées sur tous les plans afin de «propulser» le pays vers le «développement et le progrès». Il a mis l'accent, en particulier, sur la nécessité de rapprocher le citoyen de l'administration et d'octroyer «tous leurs droits» aux moudjahidine et aux ayants droit, de même que la poursuite de la politique de réconciliation nationale. Pour le président du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi, le gouvernement est appelé à œuvrer pour une «meilleure» prise en charge des préoccupations de la jeunesse et pour «davantage» d'efforts dans les domaines prioritaires comme l'éducation, la santé, l'enseignement supérieur, l'emploi et l'habitat. Il a, en outre, recommandé la poursuite de la réforme du secteur sanitaire ainsi que la «pérennité» des systèmes de protection sociale et de solidarité nationale. Le représentant des Indépendants, le député Salim Chenoufi, a salué le contenu du plan d'action gouvernemental quant à la réalisation de l'autosuffisance dans tous les domaines comme étant un «élément indissociable» de la souveraineté nationale. Cela étant, toutes les voix des présidents des groupes parlementaires se rejoignent, toutefois, pour appeler à plus d'attention au secteur industriel. A. R.