«La Belgique est une des meilleures formations d'Europe actuellement, la Russie est entraînée par Capello et sera très performante alors que la Corée du Sud a déjà été demi-finaliste de la Coupe du Monde (en 2002, ndlr). Après, tout est possible mais il ne faut pas trop s'enflammer. Au jour d'aujourd'hui je ne peux rien promettre», ce sont les mots du sélectionneur national Vahid Halilhodzic. Comme à son habitude, le Bosnien y va de son constat. Défaitiste ? Pas du tout. C'est plus un constat réel et un avertissement lancé à ses poulains et au peuple algérien qui s'est un peu enflammé après le verdict du tirage au sort. Quelques mois et trois matchs amicaux après, la donne a semble-t-il changé pour le patron des Verts qui s'est montré un peu plus optimiste : «Il faut rester modeste et continuer sur cette lancée. Les prestations de l'équipe m'ont rassuré et je pense qu'on pourra faire une bonne Coupe du Monde avec ce groupe.» Cependant, le parcours, les statistiques et le passé des adversaires dont les Fennecs ont hérité dans leur poule «H» démontrent bien que la tâche de l'EN ne sera pas facile. De la Belgique et son effectif «diabolique», à la totale maîtrise russe en passant par la Corée du Sud véritable force émergente dans le football mondial, la mission des Verts ne sera pas des plus minces. C'est fort logiquement, et selon l'avis de plusieurs spécialistes, les Belges qui sont favoris pour jouer les tout premiers rôles de ce groupe, que les Russes se placent comme de sérieux et dangereux concurrents des Diables Rouges, vient ensuite, à un degré moindre, la formation sud-coréenne aussi inconstante et imprévisible qu'elle soit. Notre équipe nationale devra donc faire face à des adversaires dont les noms ne sont pas vraiment ronflants (comparés aux super favoris : le Brésil, l'Allemagne, l'Argentine, les Pays-Bas ou encore l'Espagne tenante du titre) mais qui peuvent mettre fin au rêve brésilien de Hassan Yebda et ses coéquipiers. Tête de série, la Belgique est une équipe à surveiller de très près. Un collectif qui aura son mot à dire au pays de la Samba. La Belge génération Pas par hasard, grâce à Hazard (Eden de son prénom). Le joyau belge a grandement contribué au renouveau de son pays avec le plus prestigieux des tournois footballistiques. Après avoir manqué les deux précédentes éditions (Allemagne et Afrique du Sud), la Belgique a confirmé l'énorme potentiel dont elle jouit en terminant première de son groupe de qualification devant la Croatie s'il vous plaît. Une supériorité concrétisée avec le deuxième meilleur total points (24) derrière l'Allemagne et les Pays-Bas (28 pts) qui ont pris l'habitude de survoler les éliminatoires. Pour ce qui est du bilan, il est sans appel, des plus reluisants avec 8 victoires et 2 nuls. Difficile de faire mieux. Un parcours quasi parfait venu donner un peu plus de crédit aux héritiers de Jan Ceulemans (un des artisans de la meilleure participation de la sélection au Mondial en 1986, qui a atteint le dernier carré avant de se faire éliminer par l'Argentine de Diego Maradona) que les leurs considèrent comme la meilleure équipe que la Belgique ait jamais eue. A juste titre, vu les chiffres, le jeu et surtout le groupe dont dispose Mark Wilmots, ancien international, avec des individualités évoluant pour la plupart dans le championnat anglais, considéré comme le meilleur dans le vieux continent. Le football belge a toujours été réputé pour sa faculté à former et exporter ses joueurs vers l'étranger. Des clubs comme le RSC Anderlecht, Standard de Liège ou le FC Bruges réussissent à placer leurs joueurs dans les meilleurs clubs européens. Deux gardiens de classe mondiale en les personnes de Thibaut Courtois (Atletico Madrid) et Simon Mignolet (Liverpool FC), une défense de fer (4 buts encaissés seulement) avec la présence de Vincent Kompany (Manchester City), Yan Verthonghen (Tottenham Hotspurs), Thomas Vermaelen (Arsenal), un milieu de terrain des plus riches où évoluent des éléments comme Merouane Fellaïni ( Manchester United), le jeune Kevin De Bruyne (Chelsea FC), Moussa Dembelé (Tottenham Hotspurs) et Axel Witsel (Zenith Saint-Pétersbourg), et une attaque qui crache le feu (18 buts marqués lors des qualif') emmenée par le très talentueux Eden Hazard. Il faudra aussi compter avec les Romelu Lukaku et Kevin Mirallas qui évoluent à Everton. Quant au banc, il est des plus riches. La grande absence sera celle de Christian Benteke, l'attaquant vedette d'Aston Villa blessé au genou. Néanmoins, les solutions de rechange existent bel et bien à l'instar de Dries Mertens qui porte les couleurs de Naples que son coéquipier Faouzi Ghoulam retrouvera pour l'entrée en lice. Le tout nouveau venant, Adnan Januzaj (Manchester United), sera lui aussi à surveiller de très près. Du beau monde et un objectif clairement affiché : «On aurait pu tomber plus mal. Ce sont trois finales à jouer.» La Belgique et la Russie sont peut-être les deux favoris. L'objectif est de sortir de ce 1er tour. Je suis très satisfait par l'endroit où auront lieu les matchs : près de notre camp à Sao Paulo, ensuite à une heure puis à trois quarts d'heure de vol. Pour le calendrier, c'est moins bon car on commence très tard. La Russie ne nous réussit pas mal, mais elle a des qualités et un bon entraîneur, Fabio Capello. «L'Algérie et la Corée du Sud, on les connaît moins bien, mais on va examiner de très près leurs parcours.» Les propos de celui qui a succédé à Georges Leekens il y a deux ans sont clairs comme de l'eau de roche. L'actuelle 11e nation au classement de la FIFA ne se rendra pas au Brésil pour faire de la figuration, l'Euro manqué de 2012 n'étant plus qu'un lointain souvenir. Cette équipe, c'est sûr, s'est métamorphosée et il faudra garder plus qu'un œil sur elle. Avant de rallier le Brésil, la sélection a remporté tous ses matchs de préparation. Un signal fort envoyé aux adversaires. La Russie avec la mentalité italienne Qui dit Russie (19e au classement FIFA) dit forcément l'ex-URSS. On ne peut dissocier les deux appellations. L'ex-Union soviétique compte dans son palmarès le Championnat d'Europe en 1960, une quatrième place à la Coupe du Monde 1966, en Angleterre, et deux médailles d'or aux JO en 1956 et 1988. Cette même année, lors du Championnat d'Europe, l'équipe de Lobanovski, avec la même ossature, plus des joueurs comme Oleg Protasov, Alexeï Mikhaïlitchenko, Vagiz Khidyatulline et Guennadi Litovtchenko, était impressionnante. Elle bat les Pays-Bas (1-0) et l'Angleterre (3-1) au premier tour puis balaie l'Italie (2-0) en demi-finale. Mais en finale à Munich, elle est vaincue par les Pays-Bas (2-0), qui ont pris leur revanche par la même occasion. La même année, l'équipe olympique de l'ex-URSS, dirigée par Anatoli Bychovets (avec Alexeï Mikhaïlitchenko), remporte la médaille d'or aux Jeux de Séoul, en battant le Brésil (avec Romário, Bebeto et Taffarel) en finale. Deux ans plus tard, lors du Mondial 90, les ex-Soviétiques, vieillissants, sont sortis dès le premier tour. La dernière grande équipe de l'ex-URSS a vécu. Un an plus tard, l'Union soviétique n'existe plus, la Russie est l'héritière de la Communauté des Etats indépendants (CEI), qui succède à l'ex-URSS pendant quelque temps, qui a participé à l'Euro 1992 mais a été éliminée au premier tour. La Russie hérite aussi un peu du style de jeu, même si l'équipe de l'ex-URSS regroupait parfois plus de joueurs Ukrainiens (qui ont tout de même échoué aux barrages face aux Français) que de joueurs Russes. Après une transition effectuée par l'équipe de la CEI (élimination au premier tour de l'Euro 1992), c'est l'équipe de Russie de football qui prend vraiment le relais de l'équipe de l'ex-URSS. Fini le célèbre maillot rouge avec le sigle CCCP, la Russie joue désormais en maillot blanc ou bleu. Le maillot rouge est finalement de retour à la fin de l'année 2000, d'abord comme maillot de rechange puis, depuis 2008, comme tenue domicile. Seul le sigle CCCP a disparu, laissant place à une évocation du drapeau russe. Cependant, l'âge d'or du football russe appartient au passé. Les Russes se qualifient pour deux coupes du monde sur cinq (1994 et 2002), ainsi que quatre championnats d'Europe sur cinq (1996, 2004, 2008 et 2012). Comme la Belgique, la Russie a manqué les deux dernières coupes du monde. Cependant, les Tsars semblent avoir, à nouveau, retrouvé leur constance et dynamique. Lors des éliminatoires, ils ont signé une qualification méritée au nez et à la barbe d'une grande nation du football qui est le Portugal. Cristiano Ronaldo et ses camardes n'ont pas pu empêcher les poulains de Fabio Capello de terminer sur la première marche (22 pts). Dominateurs, les demi-finalistes de l'Euro-2008 sont allés au bout en inscrivant 20 réalisations et ne concédant que 5 buts. Cependant, lors de la préparation, l'équipe russe a montré quelques lacunes et insuffisances en s'imposant difficilement face à la Slovaquie (1/0) et le Maroc et se quittant dos à dos avec la Norvège (1/1). Entre temps, Capello a perdu un élément important dans ses plans. Son meneur de jeu Roman Shirokov qui est aussi le capitaine de la «Sbornaya». Un coup dur. Le foot russe : «Merci l'argent» Sur le plan international, la Russie revient de loin. La résurrection a été enclenchée grâce au talent mais aussi à l'apport considérable des hommes d'affaires pour relancer le football dans le pays. A leur tête, le très connu et puissant Roman Abramovitch, le propriétaire de Chelsea FC. Il avait créé un programme de soutien via une fondation appelée «Académie Nationale du Football» (NAF). L'objectif était d'améliorer les infrastructures en créant de nouveaux centres de formation pour les joueurs talentueux. Les activités de la NAF ont beaucoup apporté à la Russie du foot. Grâce à l'argent de la fondation, au cours de ses quelques années de fonctionnement, environ 130 terrains recouverts de gazon artificiel ont été créés et divers programmes de formation pour enfants ont pu être financés. Le budget de la fondation s'élevait à environ 1 milliard de roubles par an. Pour remplir ses missions, la NAF a déboursé entre 150 et 200 millions de dollars. Au total, le soutien financier accordé à toutes les équipes a coûté à la NAF plus de 20 millions d'euros (dont 7 millions correspondaient, d'après certaines informations non-officielles, au salaire de Guus Hiddink sélectionneur à l'époque). Par la suite, l'entreprise Gazprom est devenue la principale source de financement de l'organisation. L'académie de football Konoplev de la ville de Togliatti, deviendra au cours des dernières années l'un des centres de formation spécialisée les plus efficaces. Le milieu de terrain et joueur de l'équipe nationale de Russie, Alan Dzagoev, a, par exemple, suivi le cursus de l'académie Konoplev. L'attaquant évolue aujourd'hui dans les rangs du Zénith Saint-Pétersbourg. Un avant-centre explosif et puissant dont le style ressemble à celui de Wayne Rooney. Son club a réussi à se qualifier en huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Même si l'autre représentant de la Russie, le CSKA Moscou, est passé à la trappe, la progression reste appréciable et l'ascension fulgurante grâce... au pétro et gazo-dollars. Tous les moyens sont bons pour atteindre les sommets. La Corée du Sud en quête d'exploit Avec un style de jeu différent, mais une progression quasi-semblable, la Corée du Sud s'est replacée sur les devants de la scène du football universel depuis le début du nouveau millénaire. En effet, les Tigres d'Asie n'ont manqué aucune édition depuis que le pays a organisé la Coupe du Monde (en 2002) conjointement avec le Japon. En cette année, la sélection du pays s'est révélée au grand public mondial. Une heure de gloire et une aventure ponctuée par une quatrième place. Le podium a été manqué de peu face à la Turquie qui a remporté le match de classement 3 buts à 2. Si Les Turcs ont été moins constants par la suite, les Sud-Coréens sont restés compétitifs sur le plan international et continental. En Allemagne, ils ont accroché les huitièmes de finale, tandis qu'en Asie ils restent sur deux podiums (3e en 2007 et 2011). Même si le championnat n'a été créé qu'en 1983, à peine 20 ans après le pays a co-organisé le rendez-vous quadriennal international. Un rendez-vous qui semble avoir changé pas mal de choses sur le plan sportif au Pays du Matin Calme. Dans ce développement continu, c'est incontestablement l'argent qui a métamorphosé le sport roi. Les plus grandes entreprises locales n'hésitent pas à injecter des sommes faramineuses au sein des clubs qui portent même leurs noms. Suwon Samsung Bluewings, Ulsan Hyundai FC ou encore Jeonbuk Hyundai Motors forment à eux seuls 75% de la sélection, dont la majeure partie est composée de joueurs locaux. Par ailleurs, beaucoup de joueurs ont pu s'affirmer dans des championnats étrangers. Ce qui prouve la qualité du produit sud-coréen en matière de football. L'Angleterre et l'Allemagne sont les destinations préférées des footballeurs qui veulent s'affirmer ailleurs. L'homme fort du moment est le jeune fer de lance Son Heung-Min (Bayer Leverkusen). En quittant le pays à l'âge de 16 ans, il rejoint le centre de formation du Hambourg SV avec qui il fait ses débuts avec l'équipe professionnelle en juillet 2010. Depuis l'été dernier, il a rejoint la Ruhr et la ville de Leverkusen. Âgé d'à peine 21 ans, Heung-Min s'est affirmé en Bundesliga réputé pour être l'un des championnats les plus relevés. Un talent qui prouve la qualité de l'équipe drivée par Hong Myung-bo, qui reste un adversaire à prendre très au sérieux et ce même s'il semble le plus «prenable» parmi les 3 adversaires qu'affrontera l'Algérie au pays du roi Pelé. Le dernier revers en amical (4/0) face au Ghana a dû laisser des séquelles et mettre en lumière des carences que Vahid et ses joueurs tenteront d'exploiter. Les données prouvent bel et bien que pour durer dans ce sport qu'est le foot, il faut avoir une bonne assise, compter sur la formation pour se maintenir dans le haut niveau. Malgré des périodes difficiles, ces nations ont toujours fini par voir le bout du tunnel. Des expériences et des leçons à tirer et à méditer surtout. Gageons que les Verts savent à quelle mission difficile ils devront répondre et se préparent à relever le défi. Le défi de sortir d'un groupe relevé quoi qu'on dise et de démentir la logique du papier en signant l'exploit de passer au second tour. Sur le terrain. Beaucoup y croient en tout cas à l'image des joueurs qui semblent, plus que jamais, sûrs de leurs qualités et facultés pour rester le plus longtemps possible au pays du football. C'est tout le mal qu'on leur souhaite. M. T.