Les derniers chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) sur l'activité industrielle en Algérie durant les trois premiers mois de l'année dernière sont inquiétants quant à l'avenir de certaines filières. Certes, de manière globale, la production industrielle a connu une augmentation de l'ordre de 2,2% mais ce dernier reste insignifiant comparativement aux objectifs du gouvernement concernant la mise en place d'un système économique productif à travers l'industrie notamment. Ce résultat est également insignifiant puisqu'il n'a pas touché toutes les filières, dont certaines sont à l'agonie. Les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électroniques, les cuirs, les chaussures et les textiles connaissent en effet d'énormes difficultés. Elles sont menacées de disparition. Parallèlement à la vétusté de l'outil de production et à la cherté des matières premières sur le marché international, ces filières sont soumises à une rude concurrence. Elles sont surtout soumises au diktat de l'informel et à l'invasion de marchandises asiatiques, particulièrement chinoises. C'est le cas, à titre illustratif, pour les textiles, les cuirs et les chaussures dont le marché est inondé par les produits chinois. La menace pèse lourd sur l'industrie. Même les matériaux de construction, la céramique et l'industrie du verre n'ont pas échappé au ralentissement de la production, avec un taux de 1,1%. Les résultats de l'enquête de l'ONS imposent un point d'arrêt. Ils imposent aussi un tas de questions quant au retard mis dans la mise en œuvre de la stratégie industrielle visant à promouvoir certaines filières et à mettre en place une politique industrielle efficace. D'ici le mois de février prochain, deux années seront passées depuis l'organisation des assises nationales sur l'industrie, mais les choses concrètes n'arrivent pas. Et pourtant, un document résumant les grands axes de cette industrie et intitulé «Le réveil d'un géant» a été soumis au débat. Des rencontres devaient également se tenir avec les opérateurs économiques pour enrichir le dossier, cependant, le projet ne démarre pas ou, pourrait-on dire, commence à démarrer timidement, à la lumière des décisions annoncées en matière de mesures incitatives à l'investissement et concernant le foncier industriel qui est le point focal du problème. Car, pour mettre en place une stratégie industrielle, des outils de travail sont à assurer à tous les niveaux. Et ce, à commencer par le foncier industriel. L'annonce de la réhabilitation des zones industrielles, notamment celles de Rouiba et de Oued Smar, et l'éventuelle mise en concession des zones, constituent peut-être un pas pour la mise en application du plan d'action du gouvernement qui pérvoit pour rappel la réalisation de nouvelles zones industrielles tout le long des axes de transport. La mise en place d'une mercuriale pour le foncier industriel semble aussi entrer dans le cadre de cette stratégie. L'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (Aniref) a en effet annoncé au cours de la semaine dernière la mise sur pied dès mars prochain de cet instrument. Et ce, de manière à réguler le marché national du foncier industriel à travers la proposition des prix de référence pour les ventes aux enchères des terrains et des bâtis industriels. Est-ce enfin le réveil pour le département de Temmar ? La fin du premier semestre de cette année, période durant laquelle l'application d'une série de mesures est attendue, nous le montrera. S. I.