L'Office national des statistiques (ONS) multiplie, ces derniers jours, les bilans concernant l'activité économique. Des bilans dans lesquels la situation des différents secteurs est notamment mise sous la loupe à travers des chiffres qui représentent les résultats des enquêtes menées par les équipes de l'ONS. Pour le troisième trimestre de l'année dernière, période touchée par l'enquête, l'organisme des statistiques en Algérie est arrivé à la conclusion qu'au même titre que l'activité commerciale, l'activité industrielle a sensiblement baissé durant juillet, août et septembre 2009, en d'autres termes durant la saison estivale. Jusque-là rien d'anormal puisque, globalement, le rythme économique baisse pendant l'été. Mais le point remarquable reste la dernière conclusion de l'ONS concernant l'industrie des textiles et cuirs. Ainsi, si sommairement l'activité industrielle a connu un certain ralentissement pendant le troisième trimestre de l'année dernière pour différentes raisons, entre autres, la rupture des stocks (résultat de l'application du crédit documentaire comme mode de paiement des exportations), ce n'est pas le cas pour la branche textiles et cuirs. Assiste t-on donc à un réveil de cette filière lourdement frappée par l'ouverture de l'économie nationale et l'arrivée sur le marché national de concurrents déloyaux ? Pour l'ONS, la reprise de l'activité industrielle des textiles s'explique «par la hausse de la demande en produits fabriqués malgré la baisse des prix». Doit-on comprendre à travers ce détail qu'on assiste à un retour de l'engouement pour le produit local ? Pour répondre à cette interrogation, d'autres paramètres sont à prendre en charge. En effet, pour réussir à éveiller l'intérêt des consommateurs, il faudrait avoir sur le marché des producteurs capables de faire face à la concurrence étrangère, particulièrement asiatique. Or, ce n'est pas le cas. Les investisseurs nationaux restent frileux pour ce créneau. Cette frilosité a été provoquée par de nombreux facteurs, particulièrement les importations massives d'effets vestimentaires, de chaussures… L'Agence nationale de développement des investissements (ANDI) l'a bien souligné dans son bilan 2009 rendu public début février. Pour l'Agence, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon. La filière est en pleine «déprime», a-t-on relevé au niveau de l'ANDI, précisant que c'est une conséquence directe de «la concurrence déloyale et des importations massives». Même si le bilan de l'ANDI concerne tout l'exercice 2009 et que l'enquête de l'ONS porte sur une période de trois mois seulement, les contradictions sont là. Entre la déprime et la reprise… S. I.