La communauté religieuse à Rome a organisé, jeudi à Sant'Egidio, une réunion ultrasecrète avec le groupe rebelle le Fdlr (Force démocratique de libération du Rwanda) et des représentants de l'Union européenne, pour tenter de désamorcer le conflit à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Quelques détails de cette rencontre n'ont été révélés qu'hier par le représentant de l'UE pour les Grands Lacs, Koen Vervacke, a rapporté Radio France international (RFI) sur son site. «L'objectif (de cette réunion) était de faire comprendre aux Fdlr qu'ils n'ont pas d'autre choix que de désarmer le plus vite possible», a rapporté RFI. «Ce n'était pas une médiation, c'était un dialogue. Il s'agit surtout de la responsabilité des Fdlr qui doivent réellement se rendre et entrer dans un processus de désarmement, ce qui pour l'instant n'est pas le cas», a déclaré Koen Vervacke sur les ondes de RFI. Le rendez-vous de Sant'Egidio, auquel ont pris part aussi des représentants de l'ONU, sur invitation de la communauté religieuse de Rome, a irrité Kigali qui a violemment réagi via sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. «Ces individus et pays alliés à ces voyous qui ont commis le génocide au Rwanda en 1994 sont toujours à l'œuvre aujourd'hui, quelle honte», a-t-elle dénoncé, sur son compte Twitter, faisant allusion au président par intérim du Fdlr, Victor Byiringiro. Ce dernier, interdit de voyage depuis 2010, a bénéficié d'une levée temporaire de cette sanction de la part de l'ONU pour pouvoir assister à Rome à cette réunion qui s'est tenue jeudi dernier en toute discrétion. Pour Kigali, les Fdlr doivent «abandonner les armes et l'idéologie du génocide et rentrer à travers le processus établi entre le Rwanda et l'ONU de démobilisation», a ajouté la chef de la diplomatie rwandaise, dont le pays est accusé de soutenir les rebelles pour déstabiliser la RDC. Des accusations également rejetées par ce pays, au centre de toutes les critiques de la part des organisations régionales et internationales, y compris au sujet de sa politique envers les Fdlr. Les leaders de ce groupe armé qui sévit en RDC demandent à l'ONU de soutenir «un dialogue rwandais inclusif avec Kigali» et ne pas se limiter aux rebelles hutus rwandais. Par ailleurs, une autre réunion est prévue en Angola pour «passer en revue les derniers développements de la situation en RDC», a annoncé le ministère des Affaires étrangères dimanche soir dans un communiqué. Cette rencontre réunira les chefs de la diplomatie de la Communauté de développement de l'Afrique australe (Sadc) et de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (Cigrl). «Pendant les deux jours, les ministres vont examiner la mise en œuvre des décisions adoptées lors du sommet de Pretoria le 4 novembre 2013 et discuter de la situation politique et sécuritaire dans l'est de la RDC», a ajouté le communiqué. A noter aussi que la situation demeure précaire dans la province du Nord-Kivu où des groupes rebelles sont toujours actifs depuis des années. L. M./Agences.