Le problème majeur du football algérien reste l'absence d'un système efficient de formation. La Fédération algérienne de football (FAF), les ligues régionales et de wilaya, les présidents de clubs, les anciens joueurs, les techniciens, les journalistes et les analystes s'accordent pleinement sur ce constat. La responsabilité incombe, bien entendu, à tous les acteurs de la discipline. Esquivant cette carence, les clubs professionnels prospectent dans les pays africains et parmi la diaspora algérienne installée à l'étranger, notamment en France. L'équipe nationale, qui s'est récemment illustrée au Mondial brésilien, est constituée à 90% d'athlètes issus de l'émigration. Si l'on persiste dans cette voie suicidaire, les clubs locaux auront, dans si peu de temps, la même proportion de footballeurs formés ailleurs. Un risque éminent que la FAF veut, semble-t-il, éviter à tout prix. Pour la saison 2014/2015, la FAF a récemment adopté des dispositions courageuses en la matière. En effet, à compter de la saison prochaine, tous les clubs professionnels (Ligues I et II) sont, désormais, obligés d'engager de jeunes catégories dans les différentes compétitions nationales. En plus de la formation senior, ils doivent nécessairement disposer des équipes d'au moins 23 joueurs dans les catégories U-21 (espoirs), U-19 (juniors), U-17 (cadets) et U-15 (minimes). Le lancement éventuel (facultatif) de la catégorie poussins (U-13) doit être enregistré au niveau de la Ligue de wilaya pour éviter aux petits les longs déplacements. En plus de cette obligation, chaque équipe senior des deux ligues professionnelles I et II, sur un effectif autorisé de 25 joueurs, doit au moins enregistrer 7 joueurs issus de sa propre formation. Le recrutement de joueurs de nationalités étrangères, exclusivement réservé aux clubs de la Ligue I, est limité à 3 éléments uniquement. Des indemnités obligatoires sont également instaurées au profit des petits clubs amateurs locaux pour le transfert de chaque athlète qui signe son premier contrat professionnel. Toutes ces nouvelles mesures sont, à l'évidence, de nature à encourager la prise en charge adéquate des jeunes catégories à travers la valorisation de la formation. Tous les connaisseurs sont unanimes à saluer cette démarche, pourvu que les nouvelles lois soient strictement appliquées sur le terrain. Car, pour le moment, rien ne garantit que les clubs professionnels, souvent mal managés, vont respecter scrupuleusement cette nouvelle réglementation. Par le passé de louables initiatives ont été malicieusement contournées par des dirigeants de clubs, retors et vicieux. Et parfois, quand il n'est plus possible de tricher, ces mêmes dirigeants se constituent en «lobby» pour exercer une terrible pression sur la Ligue du football professionnel (LFP) et la FAF. La menace de la «grève», paradoxalement brandie par les patrons de clubs, a déjà amené, par le passé, la FAF à faire machine arrière. La réussite de cette ambitieuse démarche en faveur de la formation reste, donc, tributaire de la capacité de l'instance nationale du jeu à onze à imposer ses règles. Etant donnée l'importance de la question et l'urgence de la situation, la FAF doit, cette fois, se montrer intransigeante. Aucune concession ne doit être faite, car il y va de l'avenir immédiat du football national. En somme, on ne doit pas crier victoire. Attendons pour juger sur pièce. K. A.